Commentaire précis et complet d'un extrait du roman "Sido" (1930) de Colette. Dans le texte étudié, Colette évoque des souvenirs de son enfance auprès de sa mère, Sido. Texte étudié : "Car j'aimais tant l'aube, déjà, que ma mère (...) et que j'emporte, avec moi, cette gorgée imaginaire...".
[...] Commentaire de Sido de Colette Texte étudié : Car j'aimais tant l'aube, déjà, que ma mère me l'accordait en récompense. J'obtenais qu'elle m'éveillât à trois heures et demie, et je m'en allais, un panier vide à chaque bras, vers terres maraîchères qui se réfugiaient dans le pli étroit de la rivière, vers des fraises, les cassis et les groseilles barbues. A trois heures et demie, tout dormait dans un bleu originel, humide et confus, et quand je descendais le chemin de la sable, le brouillard retenu par son poids baignait d'abord mes jambes, mes oreilles et mes narines plus sensibles que tout le reste de mon corps J'allais seule, ce pays mal pensant était sans dangers. [...]
[...] L'évocation d'un bonheur privilégié 2.1 Une impression de bonheur - Vocabulaire mélioratif : récompense j'obtenais supériorité - Vocabulaire affectif : j'aimais révérais La complicité mère-fille - Colette obtient une faveur - La complicité mère-fille apparaît dans les noms donnés par la mère, métaphoriques, qui connotent la richesse et la préciosité, la fierté devant son œuvre ou son chef d'œuvre (mélioratif) La complicité nature-enfant - Solitude sans danger : j'allais seule, ce pays mal pensant était sans dangers connivence avec le premier souffle ; éclosion - Colette devient jolie grâce au lever du jour qui la transforme (la verdure embellit ses yeux) 3. [...]
[...] C'est sur ce chemin, c'est à cette heure que je prenais conscience de mon prix, d'un état de grâce indicible et de ma connivence avec le premier souffle accouru, le premier oiseau, le soleil encore ovale, déformé par son éclosion Ma mère me laissait partir, après m'avoir nommé Beauté, Joyau-tout-en-or ; elle regardait courir et décroître sur la pente son œuvre, - chef d'œuvre disait-elle. J'étais peut-être jolie ; ma mère et mes portraits de ce temps-là ne sont pas toujours d'accord Je l'étais à cause de mon âge et du lever du jour, à cause des yeux bleus assombris par la verdure, des cheveux blonds qui ne seraient lissés qu'à mon retour, et de ma supériorité d'enfant éveillé sur les autres enfants endormis. Je revenais à la cloche de la première messe. [...]
[...] L'autre source, presque invisible, froissait l'herbe comme un serpent, s'étalait secrète au centre d'un pré où des narcisses, fleuris en ronde, attestaient seuls sa présence. La première avait goût de feuille de chêne, la seconde de fer et de tige de jacinthe Rien qu'à parler d'elles je souhaite que leur saveur m'emplisse la bouche au moment de tout finir, et que j'emporte, avec moi, cette gorgée imaginaire 1. Un extrait d'autobiographie dont la narratrice est le centre 1.1 Le moi au centre du souvenir - Abondance des indices personnels de la première personne (en fonction sujet : le sujet agissant). [...]
[...] Mais pas avant d'avoir mangé de mon saoul, pas avant d'avoir, dans les bois, décrit un grand circuit de chien qui chasse seul, et goûté l'eau de deux sources perdues, que je révérais. L'une se haussait hors de la terre par une convulsion cristalline, une sorte de sanglot, qui traçait elle-même son lit sableux. Elle se décourageait aussitôt née et replongeait sous la terre. [...]
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