Le roman est un genre littéraire caractérisé par sa grande liberté. C'est un récit en prose de pure fiction qui aborde des sujets très différents avec des constructions et des styles eux aussi très différents. Il tisse des rapports étroits avec notre société, les personnages expriment une vision de l'homme et du monde.
Ainsi le roman Les âmes grises (Prix Renaudot 2003) de Philippe Claudel, écrivain contemporain (1962), nous plonge-t-il dans un univers très singulier, posant des questions sur la vie humaine : celle surtout du mal, avec pour toile de fond, la guerre de 14/18.
Dans une ville du Nord-Est non identifiée, un narrateur personnage, également non identifié (policier), remonte le passé et raconte le meurtre non élucidé d'une fillette de 10 ans (fille de l'aubergiste du village) qui a profondément troublé sa vie.
Ce livre est à la fois un roman historique, une enquête policière, mais aussi un roman d'amour dans lequel l'auteur dresse le portrait de personnages tragiques. Plusieurs récits se relaient, avec le bruit du canon en toile de fond : enquête sur le meurtre d'une petite fille, la personnalité du procureur Pierre Destinat, l'histoire et la mort d'une institutrice mais aussi la propre histoire du narrateur personnage.
Ecrite à partir des carnets du narrateur, la chronologie du roman n'est pas linéaire mais la temporalité y est très précise.
Ce passage dresse le portrait d'un personnage symbolique ayant une fonction dans la guerre, mais sans rôle important dans l'action du roman. C'est un portrait comme il y en aura d'autres dans les âmes grises, dressé par petites touches bien précises et ayant une fonction bien ciblée.
Lecture de l'extrait
CHAPITRE XII Les âmes grises : "L'hotel ayant fermé ses portes faute de clients, il prit ses quartiers chez Bassepin qui louait quelques chambres et vendait du charbon, de l'huile, de la graisse et des boîtes de singe à tous les régiments qui passaient..." à "... Après sa mort, tout l'argent est parti à l'Etat, une bien belle veuve, l'Etat, toujours joyeuse et qui ne porte pas le deuil." (...)
[...] Annonce du plan : nous verrons dans un premier temps les particularités de ce portrait puis nous étudierons ses fonctions dans le roman Les âmes grises ( 1. Les particularités du portrait de Bassepin ( Un personnage d'abord défini par ses activités : nous avons un champ lexical du commerce et de l'argent. C'est un personnage qui n'est pas tout à fait honnête, plutôt opportuniste : "vendre au plus fort prix ce qu'il allait acheter très loin pour des clopinettes refiler le superflu reprendre et refourguer à d'autres - il comprit la frénésie municipale d'honorer les morts au combat Bassepin vendait de la mémoire et du souvenir". [...]
[...] ( Un personnage avec une piètre et laide apparence : "gros ventre en poire - bonnet de taupe - dents noires - sans amour" C'est l'art de la caricature (satire sociale). Il est uniquement défini par son attrait à l'argent et par le modalisateur "pas" : "pas de vice, pas de luxe, pas d'envie, un personnage sans âme, pas d'héritier, pas une larme, ce n'est pas ce n'est pas ne méritait pas". Finalement c'est un peu comme s'il n'existait pas. [...]
[...] Comme la veuve Blachart qui se prostitue avec des soldats et des villageois et acquiert ainsi une petite fortune. Le portrait que nous venons d'étudier est un portrait réaliste mais ironique, dénonçant la guerre et certains types de personnages comme Bassepin, mais aussi attaquant discrètement les institutions. [...]
[...] Philippe Claudel Les âmes grises : le portrait de Bassepin Introduction Le roman est un genre littéraire caractérisé par sa grande liberté. C'est un récit en prose de pure fiction qui aborde des sujets très différents avec des constructions et des styles eux aussi très différents. Il tisse des rapports étroits avec notre société, les personnages expriment une vision de l'homme et du monde. Ainsi le roman Les âmes grises (Prix Renaudot 2003) de Philippe Claudel, écrivain contemporain (1962), nous plonge t-il dans un univers très singulier, posant des questions sur la vie humaine : celle surtout du mal, avec pour toile de fond, la guerre de 14/18. [...]
[...] ( Bassepin correspond à la définition des âmes grises de Joséphine p134 : "un salaud ordinaire". ( C'est un portrait réaliste mais avec une tonalité ironique : c'est une satire de la guerre, elle y est désacralisée et vue comme absurde "frénésie municipale d'honorer les morts au combat Bassepin élargit son négoce et vendit du poilu en fonte et du coq gaulois à la tonne Tous les maires du grand Est s'arrachaient ces guerriers figés, drapeaux en l'air et fusil tendu, qu'il faisait dessiner par un peintre tuberculeux médaillé aux expositions". [...]
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