La relecture apparaît au premier abord comme le fait de lire une seconde fois. C'est en effet la définition littérale telle qu'on peut être amené à la trouver dans le dictionnaire. Cependant, le critique contemporain Claude Lefort s'y oppose d'entrée de jeu, radicalement, dans des termes on ne peut plus explicites. Il propose deux nouvelles définitions de la relecture. Si "lire une seconde fois" ne présuppose aucun changement, pour Claude Lefort la relecture se définit dans son essence par le changement. C'est une nouvelle manière d'aborder un texte, après avoir pris conscience du fait qu'il est proprement un texte... C'est se rendre compte de ce qui avait échappé à une première lecture.
[...] Certains pourraient objecter que la relecture orientée fait perdre sa liberté au lecteur Cependant, outre cette relecture orientée par des sources explicites (professeurs, etc on a une relecture orientée implicitement par l'auteur lui-même En fait, en lisant le lecteur perd toujours un peu de liberté car un lecteur implicite et déterminé, et un rôle est prédisposé pour lui Il n'a que deux choses : accepter ce rôle ou fermer le livre C'est ce qui arrive fréquemment lors de la lecture de Jacques le Fataliste et son maître. Le lecteur est bousculé par les interruptions du narrateur Aux questions qu'on se pose habituellement lors de tout incipit Qui étaient-ils ? [...]
[...] D'où l'importance du hic et nunc du ici et maintenant qui définissent la première lecture, et qui changerons forcément lors de la relecture On pourrait également traiter de la relecture orientée, c'est-à-dire demandée par quelqu'un d'extérieur à nous, un professeur par exemple Cette relecture est une relecture orientée par l'éducation, tel que la voulait Richards. Il se désespérer de l'orgueil, de la naïveté, des bons sentiments, des préjugés dont était remplies les explications du texte qu'il avait demandé à ses élèves de fournir Mais l'apport de nouvelles connaissances peut entraîner une relecture bien différente On fait parfois des découvertes phénoménales L'exemple qui me vient est celui de Candide, pourtant étudié et présenté au baccalauréat en Première Ne sachant pas ce que la Hollande représentait pour Voltaire, on passe totalement à côté du sens ! [...]
[...] Ainsi ces termes sont ambigus, mais comme nous avons apprise récemment qu'il n'y pas de contre sens possible en littérature Si l'on parlait du sens d'illusion, voici en quels termes ce serait : tout le monde donne une même signification à une œuvre Ainsi, nous même, par une sorte d'assentiment passif, nous avons ce sens présent à l'esprit lors de notre première lecture Puisque tout le monde le dit et le répète, on prend plaisir à lire ainsi qu'à dire et à répété cette signification du texte Ce qu'on pourrait faire remarquer, c'est qu'un texte littéraire est un déploiement, un dévoilement de nombreuses significations On ne peut donc tenter d'opérer une étude objective et exhaustive des différents sens possibles Au bout d'un moment (après la relecture, ou peut-être plusieurs relectures) il faut bien se décider à garder ce que le texte signifie pour nous, même si cela sera forcément restrictif quand à la diversité de signification possible du texte La seconde manière dont on peut comprendre charme c'est donc au sens beauté, plaisir, douceur, attrait de la première lecture la relecture reviendrait donc à se détacher de cette approche première et naïve du texte, ou les sens profonds nous ont peut-être échappé Mais alors qu'en est-il de ceux qui veulent retrouver le charme de la première lecture ? Est-ce résolument impossible ? Ne pourrons-nous jamais retrouver la magie d'un livre qui nous a véritablement transportés, émerveillés dans notre prime jeunesse ? Cette idée fait tout de même peur, aurions nous perdu notre capacité à relire un texte pour le plaisir, tout simplement ? [...]
[...] Cependant, le critique contemporain Claude Lefort s'y oppose d'entrée de jeu, radicalement, dans des termes on ne peut plus explicites. Il propose deux nouvelles définitions de la relecture. Si lire une seconde fois ne présuppose aucun changement, pour Claude Lefort la relecture se définit dans son essence par le changement. C'est une nouvelle manière d'aborder un texte, après avoir pris conscience du fait qu'il est proprement un texte C'est se rendre compte de ce qui avait échappé à une première lecture. [...]
[...] Le fait qu'il s'agisse d'un texte, donc d'un objet très spécial, ne faisait certainement que flotter dans une zone paroptique de notre cerveau lors de la lecture. Cependant, en relisant cela, nous nous rendons bien compte qu'il s'agit d'un texte, et qu'il faut donc le considérer en tant que tel, comme complexe, possédant une multitude de sens possibles, de paradoxe et de contradictions Lors de la lecture des Fables de la Fontaine, en tant que petit enfant nous ne voyons que l'aspect divertissant de celle-ci Nous ne faisons attention qu'à ce qui est raconté Cependant quand nous grandissons, on nous invite à faire une seconde relecture de ces Fables et le sens moral, les dénonciations vont petit à petit s'éclairer En effet on étudie le texte de plus près, nous nous rendons compte qu'il a en fait une multitude de significations mais également qu'il est formé d'un certains nombre d'éléments, basé sur des procédés, présentant des figures de style, des ruptures dans la construction, diversité de choses qui peuvent influer sur le sens et que nous aurions (ou non) comprises lors d'une première lecture, sans forcément pouvoir l'analyser, même implicitement, en ces termes On ne peut faire remarquer que Claude Lefort parle de texte sans précision Mais ce dont nous venons de parler, cette reconnaissance en tant que texte marcherait-elle pour un texte autre que littéraire ? [...]
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