Le monde réaliste et le monde lyrique ou artistique s'affrontent à travers cette fable. Le premier est représenté par la fourmi, et le second par la cigale.
La fourmi vit dans la rigidité, dans le sérieux de la vie, dans la prévision et dans l'espoir d'un futur meilleur (...)
[...] Face à l'oisiveté de la cigale, la fourmi se montre impitoyable et dévoile les traits de son caractère: - son air de supériorité: elle se campe dans la position de juge implacable et passe à l'interrogation que faisiez-vous au temps chaud Justice doit être faite. - sa morgue: l'adjectif démonstratif cette dans dit-elle à cette emprunteuse trahit un ton méprisant. - son arrogance: par le décalage entre la légèreté de ses propres moqueurs comme dans j'en suis fort aisé qui trahit l'ironie; l'interjection condescendante eh bien et la cruauté de son refus d'assistance (usage de l'impératif). - son inhumanité: qui promet la cigale à une mort imminente. [...]
[...] A chaque vers, elle inspire la compassion. Ainsi pour la cigale, l'art et la vie sont la même chose, mais cette vision du monde, cette osmose, n'est possible que si l'été dure toute l'année. Or, il n'en est pas ainsi. Et il y a une réalité dans cette fable à laquelle on ne peut pas échapper: celle du temps. La cigale méprise le temps et paiera par le temps. Lorsqu'elle se confesse à la fourmi d'avoir chanté tout l'été, elle est nostalgique de ce moment révolu et ironiquement la fourmi la renvoie à ce passé mythique, à cette illusion qu'est l'éternité de l'été, ce paradis perdu. [...]
[...] Le discours fait ressortir l'honnêteté de la cigale qui s ‘engage à honorer sa dette. La fontaine dépeint également la situation tragique de la cigale qui inspire la pitié: la priant contraste avec le verbe chanter initial, l'allitération en danse la priant de lui prêter est une marque d'insistance, c'est une question de vie ou de mort. Dans cette fable, la cigale représente l'artiste qui donne son art et la fourmi ne donnerait pas ses réserves puisque cela ne lui rapporte pas. [...]
[...] La cigale, pour sa part, vit dans le monde de la célébration, du lyrisme, de l'art. Les vers 1 et 2 définissent l'activité sociale de la cigale: c'est à l'art du chant qu'elle s'est adonnée. Le verbe chanter caractérise l'épicurisme de l'insecte puisqu'il peut-être défini au sens propre le chant) et au sens figuré a bien profité du présent, s'est amusée). Sans s'attarder sur les circonstances, le récit va insister sur les effets négatifs de l'imprévoyance (vers 3 et 6). [...]
[...] C'est pourquoi même si l'absence de morale est la caractéristique de cette fable, celle-ci est présente implicitement et à libre interprétation du lecteur. Conclusion: La cigale et la fourmi se distingue des autres fables car elle demeure ouverte. C'est un texte qui se prête à diverses interprétations, sa subtilité est remarquable car, à l'époque, elle incite d'avantage à défendre la fourmi sans discerner ses vices et donc loin d'exalter les vertus, elle dépeint agréablement les vices des hommes. Il est permis de se demander si La fontaine n'a pas ici fait d'avantage l'éloge de la vie d'artiste, riche de rencontres, de créations? [...]
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