Elle entretient des relations privilégiées avec les personnages moteurs dans l'économie du roman, à savoir avec Valmont, Tourvel et Volanges, qui font de son château un espace crucial pour que puissent se fomenter librement les fils narratifs dont l'entrecroisent savant compose l'intrigue, un lieu où peut se nouer les noeuds cryptiques de la fable que constituent les mensonges et les faux-semblants (...)
[...] Elle incarne la sagesse que son âge soulignait déjà. - Elle représente pour le Vicomte de Valmont, son neveu, une parente tolérante et qui fait preuve de largesse à son égard (elle a fait de lui son héritier lettre excessive libéralité qui reflète son attachement aux liens du sang), aimante (douleur sincère et profonde à la lettre 164) : Mme de Rosemonde est une femme attachée aux valeurs familiales, ce qui signale son ancrage dans un univers compassé en ce que la nouvelle société sonne l'éclatement des valeurs familiales : les libertins refusent la procréation car l'enfant est symbole de déchéance, il entrave le libre commerce du corps. [...]
[...] Cet espace harmonieux scelle parfaitement ce personnage tendre, sain, bonhomme dans un monde de l'apaisement. Ces images héritées de la tradition médiévale témoignent de l'authenticité de cette femme pure et dévote, et pourtant pas austère. - A l'écran, Frears propulse une Mme de Rosemonde occupée à des activités immanentes à la campagne (dans le roman également) : parties de whist (lettre promenades, lectures en compagnie du curé (lettre 23) Elle est fondamentalement une femme qui est attachée à ses racines et qui puise son absence de faux semblants dans cet espace isolé et idyllique. [...]
[...] Le libertinage est fossoyeur de pureté, il annihile toute tentative de libération. Ce qui se voulait lieu de refuge, à l'abri de la compromission devient le siège d'un catéchisme de la débauche à l'insu des prudes. La dévotion devient déréliction dans un château qui préservait originellement les mœurs de la société ; - dans le film, le château accueille de très nombreuses séquences, il devient un lieu aussi fondamentalement capital que le boudoir de la Marquise : le château est la plaque-tournante de l'intrigue, il permet d'abriter, de se cacher de tromper Mme de Rosemonde, l'instigatrice d'une genèse cosmique. [...]
[...] - Dans la fin du roman, Mme de Rosemonde laissera d'ailleurs Mme de Volanges endosser le rôle de vertueuse ; dans sa lettre 171 à Danceny, elle tance encore le jeune homme et lui signale que si on était éclairé sur son véritable bonheur, on ne le chercherait jamais hors des bornes prescrites par les Lois et la Religion ; puis sa dernière lettre à Volanges l'informe que désormais, elle choisit le silence et l'oubli. - Dans le film de Frears, le personnage disparaît purement et simplement du dénouement, comme si son chemin s'achevait là, dans la prostration et le silence. Frears souligne ainsi que les événements lui échappent, qu'elle ne peut changer le cours de l'histoire. Il ôte toute sa dimension spirituelle à une femme qui, dans le roman de Laclos, accédait presque au statut d'instigatrice du roman. [...]
[...] - Mme de Merteuil la range lettre 113 dans la 2nde classe des vieilles femmes, une femme sage et lucide, qui ne s'enferme pas dans le prêche moralisateur, elle est donc le double antithétique de Mme de Volanges. - Elle se plaint lettre 103 à la Présidente de sa vue débile et lettre 112 de son arthrite : c'est une femme valétudinaire qui se dessine, qui s'accroche toutefois à une vie frugale d'artifices pour se consacrer pleinement à la dévotion qui est la sienne. [...]
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