La multiplicité des références mythologiques ou historiques qui sont ici convoquées, suggère que le poème relate l'expérience d'un individu en quête d'identité qui les multiplie sans jamais pouvoir s'y fixer. D'ailleurs le poète ira jusqu'à raconter son passage dans l'au-delà qui n'est pas seulement un au-delà de la vie mais aussi un au-delà de la raison. Le contraste sur lequel repose ce poème, réside de la maîtrise de l'écriture poétique et le libre cours donné au rêve (=action onirique). Conscience éclatée mais maîtresse de son expression, Nerval exprime dans ce 1er poème ...
[...] La multiplication des identités, données à chaque fois au singulier, finit par déstabiliser. Si l'on suit la progression dans les affirmations d'identités, on peut y trouver un ordre/une signification : - Il pose d'abord des identités marquées par la perte - Puis affirme/pose une possession qui est encore une perte seule étoile est morte" vers - Il réclame la restitution de ce qui a été perdu (au vers 5 et 8). Chez Nerval, on n'est pas seulement celui qui a perdu mais celui qui a perdu. [...]
[...] "La sirène" (vers 11) renvoie au paganisme, la sainte (v.14) au catholicisme, la reine (v.10) au Moyen-Âge et la fée au folklore (vers 14). III. Comment la poèsie récupère cette unité menacée Cette crise de l'identité n'empêche pas le poème de se terminer par un tercet triomphant 2 fois."). Le vers 12 était déjà annoncé par le vers 5 ("nuit du tombeau"). Par cette référence mythologique, Nerval reproduit le modèle d'Orphée, le "luth constellé" (vers remplaçant ou annonçant la lyre d'Orphée. La poésie devient l'instrument de la réunification de ce qui menaçait de se disperser. [...]
[...] On peut se demander si l'usage assez particulier que Nerval fait du système des noms en transforme la signification. Jouer avec les noms, c'est une nouvelle façon de jouer avec l'identité. - Le jeu entre l'intérieur et l'extérieur, le psychologique et le cosmique. "Ma seule étoile est morte", dans le 1er quatrain, est la mort de l'actrice aimée donc c'est un deuil psychologique (il a perdu son amie Jenny Colon) mais aussi la chute de l'étoile de la destinée ou désastre qui renverrait à une douleur cosmique. [...]
[...] Pourquoi les chimères ? - Animal mythologique avec une tête de lion, un corps de chèvre, une queue de serpent : en gros c'est un être hétérogène, une créature fantasmatique. - Folie douce : Pourquoi ajouter à un volume en prose 12 poèmes ? - Rapport prose/poésie. - Dans les nouvelles, il ne cesse de raconter le retrait du monde de la poésie. Dans une société abandonnée au prosaïsme, la dernière partie poétique aura valeur de protestation. Les poèmes eux-mêmes multiplient les images de l'absence et du manque et disent le retrait des Dieux dans une obscurité dont le poète fera une expérience fondamentale. [...]
[...] Dans le "tombeau", le poète trouve l'occasion de la consolation. Nouvel Orphée, il désigne l'absence et les ténèbres comme expérience fondamentale et nécessaire à son inspiration. C'est d'ailleurs ce que disait déjà le vers liminaire : "je suis le ténébreux, - le veuf - l'inconsolé" . Il va donc chercher la consolation dans les ténèbres. Conclusion La folie à laquelle on pourrait réduire Nerval serait une façon de limiter l'interprétation et la portée de ce poème où Nerval témoigne de la situation faite à la poésie à l'aube de l'ère capitaliste. [...]
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