Démarche de Dupin illustre un courant de pensée dominant au XIXe siècle, le positivisme fondé par Auguste Comte (1798-1857) qui privilégie le mode de connaissance du monde basé sur les sciences et l'observation (...)
[...] Pour Dupin, l'analyse et le raisonnement logique peuvent seuls éclairer certains mystères qui restent obscurs si on les aborde de manière conventionnelle (si on refuse de considérer chaque cas comme spécifique) ou avec des idées préconçues (voir la simplicité ou complexité apparente des mystères). Sa science n'a pas de base à propos du préfet de police. Explication de sa méthode dans la métaphore de l'observation de l'étoile: pour atteindre la vérité, il ne faut pas se concentrer sur les faits manifestes mais porter un regard oblique, détourné. [...]
[...] Il est en effet dépendant de Dupin pour sortir de ses impasses et subit son ironie mordante lorsque ce dernier en fait le portrait il doit sa réputation de génie ce qui n'est pas La plus grande partie du Mystère de Marie Roget constitue une démonstration qui invalide radicalement les hypothèses formulées par la presse sur la disparition de la jeune femme en même temps qu'elle révèle le caractère opportuniste de la presse cherchant le sensationnel et qui s'empare de l'événement en paraissant assumer le travail de la police. Hypothèse du journal l'Etoile : le cadavre n'est pas celui de Marie Roget M. Beauvais est le suspect principal Le Commercial : le crime n'a pas pu être commis vers la barrière du Roule car Marie Roget était bien connue dans ce quartier de Paris. [...]
[...] Le Soleil : le lieu du crime a été découvert, la preuve majeure étant les gants retrouvés au nom de Marie Roget. L'image de la presse est donc profondément négative car elle subit un triple échec qui la ridiculise en formulant des hypothèses fausses (le cadavre n'est pas celui de Marie Roget, le crime n'a pas pu être commis près de la barrière du Roule), en accusant à tort un innocent (M. Beauvais) et en étant leurrée par la mise en scène du criminel (le lieu du crime a été découvert car les gants de Marie Roget y ont été retrouvés). [...]
[...] A noter que cette démarche scientifique de Dupin est partagée par le narrateur qui au nom d'une logique mathématique refuse de prolonger la comparaison entre la disparition de Mary Rogers et celle de Marie Roget ou encore fait l'éloge de l'esprit d'analyse dans l'incipit de Double assassinat dans la rue Morgue Un arm-chair detective: Dupin correspond bien à l'arm-chair detective qui résout les mystères les plus épineux de chez lui sans observation concrète de terrain. Même s'il dit faisons nous-mêmes un examen avant de nous former une opinion pour l'affaire du double assassinat, il raisonne en grande partie à partir des coupures de presse sur la disparition de Marie Roget. De même, il ne recherche pas de lui-même à résoudre ces mystères mais a toujours un motif particulier pour y contribuer (réclusion totale de Dupin et du narrateur Si bizarre quotidiens). [...]
[...] Dans la composition tout entière il ne doit pas se glisser un seul mot qui ne soit une intention, qui ne tende, directement ou indirectement, à parfaire le dessein prémédité Notes nouvelles sur Edgar Poe Trois dénouements aux effets distincts : L'un des moments-clé où cet effet se construit est la fin de la nouvelle qui s'achève généralement par un effet de surprise appelé une chute Chacune des trois nouvelles offre un effet final de surprise différent : - Une fin radicalement inattendue avec la présentation d'un univers animal terrifiant et insoupçonnable dans Double assassinat dans la rue Morgue car le lecteur à cause d'un certain nombre d'éléments (atrocité du crime notamment) attribue spontanément le meurtre des femmes à un être humain alors que le meurtrier n'est autre qu'un animal (cela est d'autant plus inimaginable qu'aucun animal ne paraît capable d'un homicide volontaire et d'un crime aussi horrible d'un point de vue pratique). Le meurtrier étant un animal, il ne peut être puni pour son crime, dont le propriétaire est également innocenté. [...]
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