Commentaire comparé de la fable de Jean de La Fontaine et de celle de Jean Anouilh "Le Chêne et le Roseau", sous la forme d'un plan détaillé.
[...] Anouilh dévalorise nettement l'attitude du roseau, moralement comme physiquement déprécié : Il se tenait courbé par un reste de vent (v.21) III. DEUX MORALES OPPOSÉES A. La morale implicite de la fable de La Fontaine La fable de La Fontaine n'a pas de morale explicite, mais on pourrait lui appliquer celle qui conclut la fable d'Esope intitulée Le Roseau et l'Olivier (dont s'inspire La Fontaine et au squelette de laquelle la fable de La Fontaine donne toute sa chair) : ceux qui n'opposent pas de résistance aux circonstances de la vie et à plus puissant qu'eux sont plus puissants que ceux qui rivalisent avec leurs supérieurs L'image finale (v.31-32) montre qu'au moment crucial, la puissance du chêne ne lui sert plus à rien et que son orgueil a été synonyme d'aveuglement. [...]
[...] et par Anouilh avec le vocabulaire de la tempête : Le vent se lève ( ) l'orage gronde. (v.16). Dans les deux cas, les auteurs se soucient de ne laisser aucun temps mort dans l'action et font intervenir le vent juste après les dernières paroles échangées : Comme il disait ces mots (LF v.24) et Le vent se lève sur ses mots v.16). La dramatisation du dénouement est en outre rendue sensible par l'accumulation des verbes d'action : accourt tient bon plie redouble déracine (LF v.25-30), se lève gronde dévaste jette v.16-19), avec, à chaque fois, le passage au présent de narration qui renforce la dramatisation, et en plus chez La Fontaine la préférence 4 pour l'octosyllabe à ce moment et l'emploi d'hyperboles avec furie v.25, le plus terrible v.26, redouble ses efforts v.29). [...]
[...] Le chêne Le chêne brosse un portrait dépréciatif du roseau et par antithèse fait un autoportrait très flatteur de sa personne. Il part de l'idée que le roseau a des raisons de se plaindre et la répète lourdement en guise de conclusion (v.2 et v.17) ; il dévalorise le roseau en insistant sur sa faiblesse avec les deux exemples du roitelet et du moindre vent : le roseau ne peut résister d'après lui ni au poids des plus petits oiseaux ni au plus petit souffle du vent ; enfin il dédaigne l'endroit où vit le roseau. [...]
[...] Voire, dit le roseau, il ne fait pas trop beau ; Le vent qui secoue vos ramures (Si je puis en juger à niveau de roseau) Pourrait vous prouver, d'aventure, Que nous autres, petites gens, Si faibles, si chétifs, si humbles, si prudents, Dont la petite vie est le souci constant, Résistons pourtant mieux aux tempêtes du monde Que certains orgueilleux qui s'imaginent grands. Le vent se lève sur ses mots, l'orage gronde. Et le souffle profond qui dévaste les bois, Tout comme la première fois, Jette le chêne fier qui le narguait par terre. Hé bien, dit le roseau, le cyclone passé Il se tenait courbé par un reste de vent Qu'en dites-vous donc mon compère ? [...]
[...] Pour refléter cette modestie, La Fontaine lui prête un discours bref, sobre et mesuré, avec des phrases courtes, minimales, qui vont à l'essentiel Quittez ce souci v.19 ; Mais attendons la fin. v.24), un vocabulaire simple, qui relève du niveau de langage courant. Chez Anouilh, il est l'allégorie de la médiocrité satisfaite et méchante. L'inflation de son discours permet d'entendre une parole assez veule, faite de fausse modestie Si je puis en juger à niveau de roseau v.9), de sous-entendus venimeux Que certains orgueilleux qui s'imaginent grands. v.15), de lâcheté (cf. [...]
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