Depuis 1829 et Le dernier jour d'un condamné, Hugo est un inlassable pourfendeur de la peine de mort ; ce que cet extrait vient confirmer avec la force de la sincérité. Mais son argumentation n'est pas seulement un humanisme solide qui s'inscrit dans une double tradition (le message du Christ, les Lumières de la raison). Il s'agit d'un modèle dans l'art de mettre les ressources de la poésie au service du combat pour des idées (...)
[...] Puissance du Verbe, place de l'imagination et surtout conception d'un poète qui voit loin et qui est un guide, un prophète qui narre avec confiance aux peuples du monde ce que doit être, ce que sera l'avenir : l'inéluctable triomphe sur la nuit de la lumière. Ce n'est évidemment pas un hasard si Les châtiments se concluent sur Lux et sur notamment les vers : Ce crime qui triomphe est fumée et mensonge; Voilà ce que je puis affirmer, moi qui songe L'œil fixé sur les cieux! [...]
[...] Cette fin de partie VIII s'impose comme une argumentation solide, un art hugolien qui sait d'une part jouer de la capacité de convaincre et d'autre part jouer sur la sensibilité et l'imagination du lecteur pour persuader. Un Art de convaincre : Une progression argumentative logique et ordonnée : Une qualité de construction sert les desseins argumentatifs du poète. _ Une introduction claire et directe qui pose le problème : que faire de Napoléon III lorsqu'il sera déchu? (vers 391 : Quand nous tiendrons ce traitre.») Trois arguments successifs mais inégalement développés suivent. [...]
[...] Oh! aux vers 400 et 408) d'où les nombreuses exclamatives qui jalonnent le texte. _ Hugo démontre son habileté stratégique : la double référence à Jésus et Voltaire signale son envie de s'adresser à la fois aux croyants et aux athées. C'est aussi un argument d'autorité : il place sa condamnation de la peine de mort sous le parrainage prestigieux de deux grandes figures universelles. _ Hugo affaiblit l'argumentation adverse laquelle est passée sous silence ou . [...]
[...] Il y a aussi une intelligence stratégique éclatante : Hugo se montre digne, ravale sa personnelle aversion à l'égard de Napoléon III (un homme qui le pousse à l'exil et qui un temps emprisonne ses fils Charles et François- Victor) pour atteindre une perspective qui transcende l'époque et le lieu. Hugo nie la tentation du châtiment barbare qu'est la mort du criminel pour réaffirmer comme principe absolu et indépassable la vie par dessus tout. Enfin, le romantisme d'Hugo fusionne parfaitement avec sa volonté de persuasion. [...]
[...] Tout le dégout de Hugo passe dans cette personnification destinée à révulser le lecteur : a ressaisi sa hache ses deux bras rouges . Des jeux de sonorités et de rythmes confortent l'effet : les ou qui dominent dans des mots angoissant dégout égout bourreaux bouges »rouges et l'effet du rejet sur l'adjectif sinistre.» La puissance du Verbe : _ Hugo soigne son utilisation de la langue et notamment dans le choix des armes purement rhétoriques propres à un orateur face à une foule : la première personne du pluriel tente d'impliquer directement le lecteur ; les impératifs ( v 396) engagent avec détermination le lecteur à rejoindre le combat du poète ; les marques de l'émotion (indignation et colère, enthousiasme dans la certitude des propos tenus) veulent contaminer le destinataire du texte Hélas! [...]
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