Châteaubriand, "Mémoires d'outre-tombe", L'épisode du chant de la grive : commentaire composé

Résumé du document

En 1809, François-René de Chateaubriand entreprend l'écriture de ces Mémoires, qu'il nomme en 1830 Mémoires d'outre-tombe. Son dessein ne se résume pas à l'écriture de l'histoire de sa vie, il s'agit de dresser un monument grandiose qui en perpétuera la mémoire. Cela le conduit parfois à osciller entre mémoire et fiction. En effet cette oeuvre, qui le met en scène dans sa vie d'écrivain voyageur, d'exilé, de professeur, d'ambassadeur, de ministre, le présente sous un jour flatteur tel le héros d'un roman lyrique. Il est amené plusieurs fois à en interrompre la rédaction, pris par d'autres évènements. Ainsi l'extrait que nous allons étudier, qui se situe dans la première partie du livre III, a été écrit après une longue période d'interruption. L'auteur ressent alors le besoin d'expliquer son retour à l'écriture, il nous narre donc l'expérience qu'il a vécue, provoquée par le chant d'une grive, dans le parc de Montboissier (...)

Extraits

[...] Dès lors, il semble que cet extrait des Mémoires d'outre-tombe constitue une méditation sur le temps et sur ses effets. En effet, ce thème domine l'ensemble du texte, les indications temporelles sont abondantes qu'elles soient relatives avec l'évocation de Louis XVIII ou avec des adverbes comme maintenant hier (l.20), ou précise juillet 1817 deux cents ans (l.23). Le temps apparaît donc comme au coeur de l'oeuvre. Ce champ lexical de la temporalité est associé à celui du déclin, de la destruction débris romains ruine démoli (l.15). [...]

[...] Chateaubriand nous livre donc un bilan de son existence amer, teinté de mélancolie, c'est un homme mûr qui écrit conscient qu'une page se ferme. Ce bilan est motivé par une expérience personnelle qu'il convient d'étudier. Tout d'abord, le récit de cette expérience personnelle semble empreint de lyrisme. En effet l'expression du moi prédomine avec la récurrence du pronom personnel à la première personne je (l.20,21,14,27), il reprend de plus le thème de la solitude cher aux romantiques avec l'utilisation de l'adjectif seul (l.20). [...]

[...] En effet cette oeuvre, qui le met en scène dans sa vie d'écrivain voyageur, d'exilé, de professeur, d'ambassadeur, de ministre, le présente sous un jour flatteur tel le héros d'un roman lyrique. Il est amené plusieurs fois à en interrompre la rédaction, pris par d'autres évènements. Ainsi l'extrait que nous allons étudier, qui se situe dans la première partie du livre III, a été écrit après une longue période d'interruption. L'auteur ressent alors le besoin d'expliquer son retour à l'écriture, il nous narre donc l'expérience qu'il a vécue, provoquée par le chant d'une grive, dans le parc de Montboissier . [...]

[...] Il s'agit ainsi pour lui de faire un bilan, d'effectuer un constat de sa vie. Dès la quatrième ligne, l'écrivain recentre le récit sur lui-même en effectuant un parallèle entre Napoléon et lui-même. Il joue avec la typographie, ainsi l'Empire avec un e majuscule est remplacé par l'empire (l.3) avec un e minuscule renvoyant cette fois-ci à sa vie comme il l'indique lui-même en employant le pronom possessif ma (l.4). L'estime qui semblait se porter, soulignée par l'emploi d'une hyperbole l'immense (l.4) et par l'assimilation de sa vie à un empire, semble se ternir puisqu'il la compare à une ruine (l.3) symbole de la décadence. [...]

[...] De plus ce temps apparaît comme celui qui porte l'oubli, le cours du ruisseau est ignoré (l.5). L'expérience de la réminiscence, par l'oscillation constante entre passé, et présent, interpelle Chateaubriand et le ramène à sa condition d'homme soumis au temps. Il prend alors véritablement conscience qu'il n'est et ne sera plus jamais le même homme, l'évocation de son enfance se fait au passé simple et à l'imparfait, temps qui décrivent ici des actions achevées. Les contours de sa propre mort semblent se dessiner à ses yeux, alors qu'avant il n'en avait pas conscience, elle surgir brutalement à son esprit pour preuve le constat qu'il nous livre: j'ai fait le tour de la vie qui laisse sous-entendre qu'il ne lui reste plus que la mort. [...]