Il y a à la fois des temps du récit c'est-à-dire l'imparfait ("promenais", "ressemblait", "soufflait"), le passé simple ("revis", "entendis"), le plus que parfait ("avait vu"), pour narrer une sensation qui réveille un souvenir mais aussi du discours constitué par les commentaires suggérés par le retour de ce souvenir. Ces commentaires sont faits soit à l'imparfait ("j'étais triste de même qu'aujoud'hui", ligne 11), soit au présent du discours ou de vérité générale, ou au passé composé et au futur (...)
[...] Ce sont deux questions oratoires (rhétoriques). Ce sont donc des fausses questions dont les réponses sont sous-entendues, comprises de l'auteur et du lecteur La valeur des impératifs. "mettons à profit", "hâtons nous". Le premier indique que l'action est nécessaire et le second, qu'il y a urgence d'écrire. Conclusion : Le rôle de l'écriture est d'entretenir et de stimuler la mémoire autant qu'elle est stimulée par cette dernière. Les Mémoires, oeuvre autobiographique, ne constituent pas seulement le récit par l'auteur lui-même de sa propre vie. [...]
[...] Que sont devenus Henri et Gabrielle ? Ce que je serai devenu quand ces Mémoires seront publiés. Je fus tiré de mes réflexions par le gazouillement d'une grive perchée sur la plus haute branche d'un bouleau. A l'instant, ce son magique fit reparaître à mes yeux le domaine paternel. J'oubliai les catastrophes dont je venais d'être le témoin, et, transporté subitement dans le passé, je revis ces campagnes où j'entendis si souvent siffler la grive. Quand je l'écoutais alors, j'étais triste de même qu'aujourd'hui. [...]
[...] J'ai vu de près les rois, et mes illusions politiques se sont évanouies, comme ces chimères plus douces dont je continue le récit. Disons d'abord ce qui me fait reprendre la plume : le coeur humain est le jouet de tout, et l'on ne saurait prévoir quelle circonstance frivole cause ses joies et ses douleurs. Montaigne l'a remarqué : " Il ne faut point de cause, dit−il, pour agiter notre âme : une resverie sans cause et sans subject la régente et l'agite. [...]
[...] Il propose aussi une réflexion sur le temps qui passe, sur le rôle de l'écriture. On constate que chez Chateaubriand, le souvenir se réveille grâce à une simple sensation (l'ouïe) sollicitée par le chant d'un oiseau. C'est un phénomène que Proust appelle la "mémoire involontaire". C'est tout à fait l'opposé de Annie Ernaux dans La place : "je ne pouvais compter sur la réminiscence dans le grincement de la connette d'un vieux magasin, l'odeur de melon trop mûr. Je ne trouve que moi-même pour que la mémoire résiste". [...]
[...] L'écriture permettra t-elle de combattre la nostalgie du temps passé ? C'est ce qu'il pense. De plus, deux types de passé sont évoqués : un passé historique, celui d'Henri IV, de Gabrielle d'Estrées ; le passé personnel de l'autobiographie (lignes 12 à 14) : son enfance et son adolescence au château de Combourg. Le rapprochement historique permet à l'auteur de formuler sa condition mortelle et en même temps de relativiser sa gloire d'écrivain. III) Le rôle de l'écriture dans la mémoire 1. [...]
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