"La Chasse aux pommes", un souvenir que Jean-Jacques Rousseau ne manque pas de nous livrer, c'est d'ailleurs l'un de ses premiers vols, et il le traite de façon plutôt humoristique. En effet, dans le début de cet extrait, la première chose qui nous surprend, c'est la disproportion entre la mince valeur de l'objet, ici "les pommes" et les efforts pour s'en emparer, c'est la première source du comique de situation (...)
[...] Il fait tout d'abord appel au lecteur, pitoyable ici pour partager [son] affliction à la ligne onze ainsi le lecteur plaint l'auteur, il éprouve de la pitié pour lui. Qui dira ma douleur ? ceci est une question rhétorique, l'auteur caricature le style galant, il introduit indirectement le lecteur dans la confidence. Il sollicite de l'indulgence, une forme de complicité avec le lecteur cultivé. Ceci est une référence implicite au texte des Confessions de St Augustin, œuvre qui a inspiré Rousseau. Dans le livre de St Augustin, nous voyons également un enfant volé, mais cette fois-ci des poires. [...]
[...] L'un de ceux-ci consistait à voler des pommes d'or dans le jardin des Hespérides. Or une des pommes d'or appartenait à la déesse Héra. Elle l'avait reçut de son mariage et elle la faisait surveiller par un dragon immortel à cent têtes. Né de Typhon et d' Echnida, ce fameux dragon que l'on retrouve aux lignes vingt et vingt- et-une, renvoie en fait au maître. Ce dernier est donc considéré comme invincible et méchant, ce qui rend tout combat inégal. [...]
[...] Le texte, La chasse aux pommes que nous étudions, est situé dans la première partie des confessions. Dans cet extrait, Rousseau doit apprendre un métier chez un maître graveur mais très rapidement il est rebuté par la dureté de ces nouvelles conditions d'existence. Dans une première partie, nous nous intéresserons au récit, tant humoristique que mythique. Puis dans une seconde partie, nous étudierons, Rousseau, l'adulte, jugeant l'enfant d'autrefois. Enfin, dans une troisième et dernière partie il s'agira de voir comment la stratégie de l'aveu est elle mise au point et donc quelle en est la morale. [...]
[...] La pomme correspond donc à la tentation, qui conduit à la faute. D'autre part, en latin, pomme se dit mala qui signifie, dans un de ses sens, maux Par un jeu de mots, la pomme est donc devenue le symbole chrétien du Mal. Par ailleurs, moins mythique mais toujours aussi symbolique, l'expression sur mes tréteaux à la ligne seize tel un acrobate, peut désigner ici une scène de théâtre, ou encore une scène de cirque. Les actes du petit fripon sont détaillés. [...]
[...] Rousseau a un regard amusé et parfois même moqueur sur l'enfant qu'il a été. La présence du narrateur est surtout perceptible dans les expressions ironiques. Ce sont les indices d'un regard distant sur les événements rapportés. Ainsi l'allusion au jardin des Hespéride est la métaphore du maître en dragon à la fin de l'extrait, renvoie à la culture classique dont s'amuse l'homme lettré qu'est devenu le jeune garçon. Rousseau se montre en Hercule ridicule. Il anticipe la fin, sans songer aux deux témoins indiscrets à la ligne vingt-deux. Cela désamorce l'attente, le suspense. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture