Fiche de lecture sur l'ouvrage de Jacques Sapir: Le chaos russe
La thèse défendue par l'auteur est que la libéralisation économique et politique telle qu'elle a été conçue et mise en ?uvre par les « libéraux- démocrates » est un échec total. Cette réforme, trop rapide, n'a pas su adapter le système économique et politique occidental aux spécificités russes.
[...] En décembre, malgré l'omniprésence médiatique des libéraux démocrates et une vaste campagne de corruption et de menaces, ce sont les partis ultra nationaliste de V. Jirinovski et communistes qui sont les grands gagnants de ces élections. D'ailleurs, on assiste même à un retour des communistes dans certaines régions témoignant non pas d'une volonté de revenir à l'époque stalinienne mais d'installer un pouvoir central plus fort afin de limiter l'influence des réseaux de drogues ou autres mafias locales. Ne prêtant aucune attention à la Douma, B. [...]
[...] En parallèle à une véritable explosion du troc qui représente aujourd'hui plus de 50% des échanges effectués, de véritables systèmes économiques et monétaires ont vu le jour dans certaines de ces régions (cf. la création de protomonnaies locales monnaies qui ne sont pas, stabilisées par rapport au rouble) comme en témoignent les récentes déclarations de Rossel qui s'est exprimé en faveur de la création d'une monnaie locale propre aux régions de l'Oural. C'est donc une véritable crise systémique que traverse la Russie, ayant des répercussions aussi bien politiques que militaires. Le Chaos politique. [...]
[...] Sapir ne fait d'ailleurs qu'un constat d'échec des différentes politiques mises en œuvre mais ne se risque pas à proposer quelque chose, ce qui peut être interprété comme un manque d'honnêteté intellectuelle. Néanmoins, il s'exprimera sur ce sujet dans un article de Libération du 8/09/98. Selon lui, les pays occidentaux et le FMI doivent tout d'abord reconnaître leurs erreurs et accepter que la Russie se développe en fonction de ses moyens. Il faut ensuite changer radicalement la nature de l'aide consentie en passant d'une aide uniquement économique qui a largement perdu de sa crédibilité à une aide structurelle (sorte de plan Marshall russe) et conditionnelle. [...]
[...] Détenant l'arme atomique et jouissant d'une armée encore nombreuse, la Russie reste une puissance de premier plan dans cette zone géographique et reste une menace bien réelle pour son étranger proche De même, son économie n'est pas tout à fait au bord du gouffre comme il le dit mais garde certaines caractéristiques de sa puissance passée : 5e producteur mondial de charbon et d'énergie nucléaire, 4e producteur d'électricité et d'acier, 2nd producteur d'aluminium et leader pour la production de mercure, de nickel et de gaz naturel. La liste est encore longue, ce qui montre que peut-être Jacques Sapir aurait du nuancer ses propos et intégrer ces éléments dans sa réflexion. Mais, peut-être cette œuvre de Sapir doit-elle plus être considérée comme un pamphlet que comme un argumentaire scientifiquement argumenté. [...]
[...] Eltsine se conduit comme un despote éclairé entre 1994 et 1995. Les réformes ne sont pas à discuter et Eltsine légitime son action en prétextant des succès futurs alors que le soutien de la population s'effrite dès 1993. Les élites politiques se montrent totalement incapables de mettre en œuvre de véritables réformes et de créer les conditions nécessaires à la naissance d'une véritable démocratie. Une administration parallèle voit le jour, tandis que le pouvoir exécutif devient omnipotent : le gouvernement n'est, de facto, plus responsable devant la Douma. [...]
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