Vincent Voiture, "Elegies", "Chanson sur une belle voix" : commentaire

Résumé du document

Au XVIIème siècle s'opposent trois mouvements littéraires : le classicisme, le baroque et la préciosité. Vincent Voiture est l'un des poètes qui a le plus travaillé avec le salon précieux de la Marquise de Rambouillet, le plus important des salons parisiens de l?époque. Avec les femmes au centre des salons, le poème "Chanson sur une belle voix" fait l'éloge d'une chanteuse; un homme se soumet à une femme, ce qui est plutôt rare pour l'époque. Nous allons voir en quoi ce poème témoigne des salons précieux du XVIIème, en regardant tout d'abord la représentation de l'idéal des salons, puis leur association avec la musique.

Tout d'abord, le poème témoigne d'une volonté d'épuration de la langue comme les salons le faisaient. En effet, puisque les femmes n'avaient pas accès à la même éducation que les hommes mais qu'elles étaient le coeur des salons, l'auteur précieux se voyait contraint de réduire au maximum la complexité du niveau de son langage. Ainsi, on peut observer deux simples oxymores « douce violence » v6, « Écueil agréable » v14. De plus, les répétions sont fréquentes : « douce » et « agréable » sont répétés trois fois chacun, et plusieurs dérivations sont employées telles que « plait, plaisir, plaisant », « douce, douceur » et « belle, beauté ». De même, les allusions poétiques sont réduites aux connaissances communes. (...)

Extraits

[...] Texte étudié : Vincent Voiture (1598-1648), Chanson sur une belle voix. Lorsque Bélise veut chanter, Et que le bruit, pour l'écouter, Est d'accord avec le silence; L'esprit plein de contentement, S'abandonne au ravissement, Et sui de ce transport la douce violence. L'âme qui se veut émouvoir, Cède à l'agréable pouvoir De sa voix pleine de merveilles, Et pour mieux ouïr ses accents, Elle quitte les autres sens, Et se vient toute rendre à celui des oreilles. Chère peine des matelots, Écueil agréable des flots, Mort ensemble et douce et cruelle ! [...]

[...] Vincent Voiture Chanson sur une belle voix Au XVIIème siècle s'opposent trois mouvements littéraires : le classicisme, le baroque et la préciosité. Vincent Voiture est l'un des poètes qui a le plus travaillé avec le salon précieux de la Marquise de Rambouillet, le plus important des salons parisiens de l‘époque. Avec les femmes au centre des salons, le poème Chanson sur une belle voix fait l'éloge d'une chanteuse; un homme se soumet à une femme, ce qui est plutôt rare pour l'époque. [...]

[...] Enfin, l'effet esthétique le plus recherché dans les salons étant la douceur, Vincent Voiture emploie plusieurs fois les mots douce et agréable Nous avons vu que les salons étaient représentés dans ce texte par l'art de la séduction, la langue épurée et l'art de la conversation. Maintenant, nous allons voir comment la poésie est liée à la musique. Tout d'abord, le titre de l'œuvre indiquant que le texte est une chanson, la composition du poème est régulière. Ainsi, il est composé de sept sizains, eux-mêmes composés de deux octosyllabes à rimes plates, et trois octosyllabes et un alexandrin à rimes embrassées. [...]

[...] Votre chant autrefois perdait Le nocher qui vous entendait, Son plaisir était son naufrage; Mais la voix de cette beauté, Dont tout le monde est enchanté, Est bien moins périlleuse, et plait bien davantage. Elle peut charmer les douleurs, Et des plus sensibles malheurs Ôter la plus funeste pensée; Elle donne un plaisir parfait, Et n'en être point satisfait, Est manquer de raison, ou bien l'avoir blessée. Le plaisant murmure des eaux, L'agréable chant des oiseaux, Les luths d'Amphion et d'Orphée, Un rossignol et ses appas, Un cygne proche du trépas, Dressent à cette voix un superbe trophée. [...]

[...] Tout cela indique que l'auteur n'avait pas de volonté la mettre son texte en musique. Pour finir, le contenu du poème nous fait hésiter quant à cette même volonté car Voiture utilise de nombreuses images, multiplie les comparants, et use des bruits les plus mélodieux de la nature pour faire l'éloge de sa dame. Néanmoins, son dernier vers est très paradoxal: l'auteur se tait pour laisser la place à la chanteuse tant il n'arrive pas à prononcer ses pensées élogieuses. [...]