L'époque des lumières pourrait se résumer en trois mots, à défaut des millions qui s'alignèrent pour en attiser l'essence impétueuse...
« Amour, ferveur, liberté. »
L'amour de l'Homme, de la science et de la philosophie.
La ferveur placée dans la réforme des temps passés.
La liberté de toute forme d'expression, à n'importe quel prix (...)
Sommaire
I) Préface
II) Documents d'illustration
A. Extraits de Le philosophe, Dumarsais
B. Malesherbes, directeur général de la Librairie
C. Cinquième lettre sur la religion anglicane, Voltaire
D. Le censeur idéal selon Diderot, article Encyclopédie
E. Portait de Jeanne-Antoinette Poisson, par La Tour
[...] Combien on y traiteroit de sujets importants ! Les beaux articles que le droit public fourniroit ! Combien d'autres qu'on pourroit imprimer à deux colonnes, dont l'une établiroit le pour, et l'autre le contre ! L'historique seroit exposé sans partialité ; le bien loüé hautement ; le mal blâmé sans réserve ; les vérités assûrées ; les doutes proposés ; les préjugés détruits, et l'usage des renvois politiques fort restreint Leurs antagonistes répondoient simplement " qu'il valoit mieux sacrifier un peu de liberté, que de s'exposer à tomber dans la licence ; et d'ailleurs, ajoûtoient-ils, telle est la constitution des choses qui nous environnent, que si un homme extraordinaire s'étoit proposé un ouvrage aussi étendu que le nôtre, et qu'il lui eût été donné par l'Etre suprême de connoître en tout la vérité, il faudroit encore pour sa sécurité, qu'il lui fût assigné un point inaccessible dans les airs, d'où ses feuilles tombassent sur la terre Puisqu'il est donc si à-propos de subir la censure littéraire, on ne peut avoir un censeur trop intelligent : il faudra qu'il sache se prêter au caractère général de l'ouvrage ; voir sans intérêt ni pusillanimité ; n'avoir de respect que pour ce qui est vraiment respectable ; distinguer le ton qui convient à chaque personne et à chaque sujet ; ne s'effaroucher ni des propos cyniques de Diogène, ni des termes techniques de Winslou, ni des syllogismes d'Anaxagoras ; ne pas exiger qu'on réfute, qu'on affoiblisse ou qu'on supprime, ce qu'on ne raconte qu'historiquement ; sentir la différence d'un ouvrage immense et d'un in-douze ; et aimer assez la vérité, la vertu, le progrès des connoissances humaines et l'honneur de la nation, pour n'avoir en vûe que ces grands objets. [...]
[...] Malesherbes, directeur général de la Librairie Souvent, on sentait la nécessité de tolérer un livre, et cependant, on ne voulait avouer qu'on le tolérait [ On prenait alors le parti de dire à un libraire qu'il pouvait entreprendre son édition mais secrètement ; que la police ferait semblant de l'ignorer, er ne le ferait pas saisir, et comme on ne pouvait pas prévoir jusqu'à quel point le clergé et la justice s'en fâcheraient, on lui recommandait de se tenir toujours prêt à faire disparaître son édition dans le moment que l'on l'en avertirait, et on lui promettait de lui faire parvenir cet avis avant qu'il ne fut fait des recherches chez lui. Cinquième lettre sur la religion anglicane, Voltaire C'est ici le pays des sectes. Un Anglais, comme homme libre, va au Ciel par le chemin qui lui plaît. [...]
[...] La demande d'une condamnation de l'œuvre par le procureur Olmer Joly en est un exemple parlant. C'est pourquoi certains s'essaieront au contournement de la censure, avec un succès relatif. Un des exemples les plus fameux est encore Les Lettres Philosophiques, écrites de la main de Voltaire, et dont un extrait vous est ci-joint. A travers la comparaison de la société britannique de l'époque, l'auteur exposait implicitement les travers de la France, provoquant les foudres inévitables et furieuses de la Régence, qui fit bruler l'ouvrage de la main du bourreau pour l'occasion. [...]
[...] Le censeur idéal selon Diderot, article Encyclopédie Une attention que je recommanderai à l'éditeur qui nous succédera, et pour le bien de l'ouvrage, et pour la sûreté de sa personne, c'est d'envoyer aux censeurs les feuilles imprimées, et non le manuscrit. Avec cette précaution, les articles ne seront ni perdus, ni dérangés, ni supprimés ; et le paraphe du censeur, mis au bas de la feuille imprimée, sera le garant le plus sûr qu'on n'a ni ajoûté, ni altéré, ni retranché, et que l'ouvrage est resté dans l'état où il a jugé à-propos qu'il s'imprimât. Mais le nom et la fonction de censeur me rappellent une question importante. [...]
[...] Anthologie : Censure et liberté de pensée au siècle des Lumières Préface : L'époque des lumières pourrait se résumer en trois mots, à défaut des millions qui s'alignèrent pour en attiser l'essence impétueuse Amour, ferveur, liberté. L'amour de l'Homme, de la science et de la philosophie. La ferveur placée dans la réforme des temps passés. La liberté de toute forme d'expression, à n'importe quel prix. Cette dernière liberté, loin d'être chose innée, fut violemment contestée par le Pouvoir en place au XVIIème siècle, placé sous l'obédience du Roi Soleil. [...]
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