Dans le premier chapitre, pour s'être fait surprendre par le baron à faire un baiser à Cunégonde derrière un paravent, Candide se fait renvoyer vertement du château de Thunder-ten-tronckh. C'est le début des aventures mouvementées de Candide à travers le monde et le texte va alors adopter la manière d'un roman d'éducation.
Le début du chapitre II raconte l'enrôlement et l'instruction militaire de Candide par les Bulgares.
C'est l'occasion pour Voltaire de faire la satire de l'armée tout en soulignant la naïveté de Candide qui fait de lui un incorporable idéal pour les recruteurs.
I- Le récit vif de l'errance de Candide et de sa rencontre avec les recruteurs militaires : lignes 1 à 10
Malgré la sévérité des sujets abordés (chassé du château, Candide va commencer un apprentissage douloureux), le texte donne une impression de vivacité et de gaieté, essentiellement due à la brièveté et à la juxtaposition de phrases. En effet, on ne relève que peu de mots de liaison et de propositions subordonnées.
a- L'errance de Candide
La mention du paradis terrestre (ligne 1), en rappelant le départ d'Adam et Ève de l'Eden, correspond à une parodie de la Genèse. Dépossédé de ses rêves, Candide va errer, ne sachant où aller. Voltaire va alors traduire la succession de ses gestes par l'emploi de verbes à forme personnelle (se coucha, se traîna, s'arrêta), laissant en quelques lignes le lecteur entendre :
- l'écoulement du temps avec longtemps (ligne 1) et le lendemain (ligne 5).
- la fatigue progressive de Candide (...)
[...] Pangloss m'a toujours dit, et je vois bien que tout est au mieux. On le prie d'accepter quelques écus il les prend et veut faire son billet on n'en veut point, on se met à table : N'aimez-vous pas tendrement ? - Oh ! oui, répondit-il, j'aime tendrement Mlle 20 Cunégonde. - Non, dit l'un de ces messieurs, nous vous demandons si vous n'aimez pas tendrement le roi des Bulgares - Point du tout, dit-il, car je ne l'ai jamais vu. - Comment ! [...]
[...] On le fait tourner à droite, à gauche, hausser la baguette remettre la baguette, coucher en joue, tirer, doubler le pas, et on lui donne trente coups de bâton ; le lendemain il fait l'exercice un peu moins mal, et il ne reçoit que vingt coups ; le surlendemain on ne lui en donne que dix, et il est regardé par ses camarades comme un prodige. Voltaire, Candide, Chapitre II (L'enrôlement et l'instruction militaire). En 1698, Frédéric Ier de Prusse avait généralisé l'uniforme bleu dans ses armées pour les grenadiers. En France, on en restait encore au blanc pour l'infanterie, au bleu pour la cavalerie et au vert pour les dragons ; c'est la Révolution qui imposera l'habit bleu pour les armées de la République. [...]
[...] - la fatigue progressive de Candide, suggérée par : .le champ lexical de l'épuisement (se traîna, ligne 4 ; mourant de faim, ligne 6 ; lassitude, ligne .l'idée de dépouillement total (il se coucha sans souper au milieu des champs entre deux sillons, lignes 3 et 4). - les états d'âme de Candide (pleurant, ligne 1 ; levant les yeux au ciel, ligne 2 ; tristement, ligne 6). La cause de cette tristesse est témoignée aux lignes 2 et 3 : le plus beau des châteaux, qui renfermait la plus belle des baronnettes, où l'emploi des superlatifs rappelle le genre littéraire du conte et le terme baronnette se veut un diminutif affectueux. [...]
[...] - il reprend de manière mécanique et absurde les notions qui lui ont été enseignées : M. Pangloss (ligne 16) est la marque du respect de son précepteur, et ne cesse d'avoir en mémoire la nostalgie du château : le plus beau des châteaux, qui renfermait la plus belle des baronnettes (lignes et Cunégonde (ligne 20) sont les témoins de ce passé douloureux. Il acquiesce naïvement et est incapable d'oublier le château. Cependant, le dialogue va prendre une autre tournure lors de sa première réponse honnête et pleine de bon sens : Point du tout, dit-il, car je ne l'ai jamais vu (ligne 21). [...]
[...] T E X T E Chapitre II Ce que devint Candide parmi les Bulgares. Candide, chassé du paradis terrestre, marcha longtemps sans savoir où, pleurant, levant les yeux au ciel, les tournant souvent vers le plus beau des châteaux, qui renfermait la plus belle des baronnettes ; il se coucha sans souper au milieu des champs entre deux sillons ; la neige tombait à gros flocons. Candide, tout transi, se traîna le 5 lendemain vers la ville voisine, qui s'appelle Valdberghoff-trarbk- dikdorff, n'ayant point d'argent, mourant de faim et de lassitude. [...]
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