Déchu du Paradis terrestre, Candide découvre l'un des pires fléaux créés par l'Homme : la guerre. Son évocation est préparée par la satire, au chapitre 2, de la société militaire (enrôlement forcé, entraînement mécanique, prestige de l'uniforme, rigueur des châtiments corporels).
Pour dénoncer la guerre, fausse valeur, Voltaire utilise des procédés successifs différents. Il traite d'abord le sujet avec ironie, dévoilant, sous le décor pompeux et rutilant, sa triste réalité (...)
[...] A l'image de l'antienne du conte "ôta du meilleur des mondes" ou "fut la raison suffisante de la mort", qui sont des euphémismes ironiques, il y a une volonté de dévoiler le caractère condamnable, inacceptable de faits présentés comme glorieux. Ainsi, suite à l'expression imagée de la mort "renversèrent", le dénombrement des défunts se fait avec approximation et désinvolture "à peu près six mille . environ neuf à dix mille . La vie humaine individuelle compte peu, est deshumanisée. La phrase "le tout pouvait bien se monter à une trentaine de mille âmes" réduit la bataille à un bilan de morts. [...]
[...] La guerre, a dit un moraliste, est bien "un massacre de gens qui ne se connaissent pas au profit de gens qui se connaissent". B. Un chaos tragique La succession de détails macabres introduit un grand réalisme, provoquant en nous colère et épouvante, procédé que l'on peut rapprocher du tableau "guernica" de Picasso. Les êtres humaisn sont réduits à des cadavres épars, mutilés, sans âge ni sexe "des cervelles . de bras et jambes coupés". Le pathétique renforcé par l'effet de rime assonantique en é des participes passés "criblés . [...]
[...] que", "telle qu'il n'y en eut jamais". La guerre débute donc par une parade militaire en musique qui conjugue harmonie visuelle et auditive et se clôt par une cérémonie avec des chants de remerciement à Dieu Deum"). Mais ce ton est celui d'un auteur qui feint de voir la réalité avec naïveté, selon Candide, afin de dénoncer la guerre. La dimension esthétique ici utilisée est inadaptée au contexte. D'ailleurs, dans l'énumération des instruments, aux instruments de musique mélodieux succèderont les tambours et les canons, instruments de guerre aux sons assourdissants. [...]
[...] Un spectacle grandiose Le combat est vu comme un spectacle musical et dansant. On commence en fanfare, dans un ton d'allégresse alerte et enjoué. La suite de l'extrait mentionne un "théâtre de la guerre". La fête est décrite, dès le début, par deux phrases hyperboliques (l'hyperbole est une figure de style qui amplifie et exagère afin de créer une impression forte) de registre épique (faisant référence à l'épopée c'est à dire aux hauts faits guerriers et aux héros exceptionnels de l'Iliade par exemple ou de la Chanson de Roland). [...]
[...] des héros abares l'avaient traité de même" mettent en évidence la symétrie des deux camps qui connaissent le même destin et sont manipulés comme des marionnettes. Les noms de peuples se ressemblent par l'identité du nombre de syllabes et des sonorités (allitérations en b et assonance en : il n'y a pas de vainqueur ni de vaincu, il n'y a aucun enjeu ; la guerre ne sert à rien. Il y a par contre une égalité dans la bêtise. Voltaire signe ici une féroce satire antimilitariste. [...]
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