Ce chapitre nous fait part d'une des revendications majeures de la philosophie des Lumières : une opinion forgée sur l'expérience.
Cette lucidité scientifique dont Voltaire est partisan s'oppose à l'a priori qui subordonne la réalité à une idée préexistante, comme Dieu ou la théorie de l'Optimisme de Leibniz : « Tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes » à laquelle il s'opposera farouchement (...)
[...] Voltaire témoigne ainsi son indignation face à la guerre en la communiquant à Candide. Pour en montrer le caractère scandaleux et meurtrier, il a recours à l'oxymore assassins enrégimentés (ligne 24) et à l'expression exerce le meurtre et le brigandage pour gagner son pain (lignes 25-26). Loin de renoncer à l'optimisme de Pangloss et de devenir manichéen lui- aussi, Candide a évolué. Ses nombreuses expériences et son séjour à Eldorado l'ont conduit à pouvoir faire face aux problèmes d'une attitude critique. [...]
[...] Voltaire, Candide, Chapitre XX (début). Friponnerie : on ne se laissera pas abuser par le sens moderne atténué ; le mot signifie bien vol, escroquerie Socinien : disciple de Socin (Sienne, XVIe siècle) ; les déistes du XVIIIe siècle appréciaient sa doctrine, parce qu'il niait la divinité du Christ ainsi que la Trinité. Manichéen : adepte de Manès (Perse ; IIIe siècle après J.-C.), qui explique le monde par la lutte de deux principes, le Bien et le Mal. Soins : soucis dévorants, préoccupations. [...]
[...] T E X T E Chapitre XX Ce qui arriva sur mer à Candide et à Martin. Le vieux savant, qui s'appelait Martin, s'embarqua donc pour Bordeaux avec Candide. L'un et l'autre avaient beaucoup vu et beaucoup souffert ; et quand le vaisseau aurait dû faire voile de Surinam au Japon par le cap de Bonne- Espérance, ils auraient eu de quoi s'entretenir du mal moral et du mal physique pendant tout le voyage Cependant Candide avait un grand avantage sur Martin, c'est qu'il espérait toujours revoir Mlle Cunégonde, et que Martin n'avait rien à espérer ; de plus, il avait de l'or et des diamants ; et, quoiqu'il eût perdu cent gros moutons rouges chargés des plus grands trésors de la terre, quoiqu'il eût toujours sur le cœur la friponnerie du patron hollandais, cependant, quand il songeait à ce qui lui restait dans ses poches, et quand il 10 parlait de Cunégonde, surtout à la fin du repas, il penchait alors pour le système de Pangloss. [...]
[...] - D'abord, il inventorie les misères publiques (ligne 29). Il les aborde en trois types de relations individuelles : celui des villes (ligne celui des familles (ligne 21) et celui des faibles et des puissants (lignes 21-22). Un seul dénominateur commun qui les anime : la haine et son moyen d'expression privilégié, la guerre, connotée par les références de la ville assiégée et des fléaux (ligne 28) qui ne font alors que renforcer encore plus son pessimisme. Il n'évoque même pas la vie privée, désignée par la périphrase Les chagrins secrets (lignes 28-29), les estimant encore plus cruels que les misères publiques (ligne 29). [...]
[...] Son bonheur se situera alors entre les positions extrêmes de Pangloss et de Martin. Conclusion Ce chapitre nous fait part d'une des revendications majeures de la philosophie des Lumières : une opinion forgée sur l'expérience. Cette lucidité scientifique dont Voltaire est partisan s'oppose à l'a priori qui subordonne la réalité à une idée préexistante, comme Dieu ou la théorie de l'Optimisme de Leibniz : Tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes à laquelle il s'opposera farouchement. Le personnage de Martin est volontairement suggestif : par un négativisme forcené, ces conclusions sont abusives et il sera tout aussi excessif que Pangloss et tombera dans les mêmes travers. [...]
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