Après le récit de l'enrôlement et de l'instruction militaire de Candide par les Bulgares relaté au début du chapitre, Voltaire raconte ici sa désertion, condition indispensable au début de son apprentissage de la vie civile. Ce sera l'occasion pour l'auteur de dénoncer avec ironie la discipline militaire et d'aborder le problème de la liberté de l'homme.
I- Le thème de la liberté : lignes 1 à 10
a- La désertion
Dès la première phrase, simple et courte, Voltaire évoque la reprise de conscience de Candide après la succession rapide des événements survenus. Le héros n'a rien compris à son changement de vie, et parce qu'il croit à la liberté de s'aller promener (ligne 2), périphrase de la désertion, il abandonne l'armée. L'auteur explique cette décision par une interprétation comique du libre arbitre : croyant que c'était un privilège de l'espèce humaine, comme de l'espèce animale, de se servir de ses jambes à son plaisir (lignes 3-4).
Cependant, la désertion ne sera pas si simple. Grâce à une autre périphrase, Voltaire qualifie les quatre soldats que rencontre Candide :
- héros de six pieds, mentionnant la taille, caractéristique des héros de l'armée prussienne
- qui sera suivie par une succession de trois verbes (qui l'atteignent, qui le lient, qui le mènent dans un cachot), procédé habituel de l'auteur, pour témoigner de la rapidité de l'action. (...)
[...] Un brave chirurgien guérit Candide en trois 20 semaines avec les émollients enseignés par Dioscoride Il avait déjà un peu de peau, et pouvait marcher, quand le roi des Bulgares livra bataille au roi des Abares Voltaire, Candide, Chapitre II (fin) En général, une lieue = 4 km ; mais la lieue de Prusse en fait 7. Passer par les baguettes : le châtiment consiste à faire passer le coupable devant les soldats alignés, qui lui donnent chacun un coup de se baguette de fusil. Patient : mot désignant aussi celui qui subit une punition corporelle et pas seulement une opération chirurgicale comme de nos jours. Jusqu'en 1743, les chirurgiens font partie de la même corporation que les barbiers, et ne sont donc pas des médecins. Émollients : cataplasmes anti-inflammatoires. [...]
[...] Candide, tout stupéfait, ne démêlait pas encore trop bien comment il était un héros. Il s'avisa un beau jour de printemps de s'aller promener, marchant tout droit devant lui, croyant que c'était un privilège de l'espèce humaine, comme de l'espèce animale, de se servir de ses jambes à son plaisir. Il n'eut pas fait deux lieues que 5 voilà quatre autres héros de six pieds, qui l'atteignent, qui le lient, qui le mènent dans un cachot. On lui demanda juridiquement ce qu'il aimait le mieux d'être fustigé trente-six fois par tout le régiment, ou de recevoir à la fois douze balles de plomb dans la cervelle. [...]
[...] Critique de la liberté Toujours de manière ironique, Voltaire va réaliser une critique de la liberté de choix : On lui demanda juridiquement ce qu'il aimait le mieux d'être fustigé trente-six fois par tout le régiment, ou de recevoir à la fois douze balles de plomb dans la cervelle (lignes 6-7). Par une alternative de choix entre deux maux, en totale contradiction avec la philosophie de l'Optimisme, non seulement il dénonce encore cette théorie, mais il assouvit en même temps sa vengeance contre le monde germanique. [...]
[...] Dans le premier chapitre, pour s'être fait surprendre par le baron à faire un baiser à Cunégonde derrière un paravent, Candide se fait renvoyer vertement du château de Thunder-ten-tronckh. C'est le début des aventures mouvementées de Candide à travers le monde et le texte va alors adopter la manière d'un roman d'éducation. Après le récit de l'enrôlement et de l'instruction militaire de Candide par les Bulgares relaté au début du chapitre, Voltaire raconte ici sa désertion, condition indispensable au début de son apprentissage de la vie civile. Ce sera l'occasion pour l'auteur de dénoncer avec ironie la discipline militaire et d'aborder le problème de la liberté de l'homme. [...]
[...] La conclusion du chapitre se fait par un récit neutre de la guérison de Candide et fait allusion aux traitements surannés de la médecine militaire : en effet, la thérapeutique se réfère aux émollients enseignés par Dioscoride (ligne c'est-à-dire à un médecin grec du Ier siècle après J.-C. Néanmoins, Voltaire y réalise une nouvelle critique de la dureté de la discipline militaire : Il avait déjà un peu de peau, et pouvait marcher (lignes 20-21), ce qui permet à Candide d'aller livrer bataille. Conclusion Ce chapitre est l'occasion pour Voltaire de dénoncer les horreurs de la discipline militaire. [...]
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