Voltaire (1694-1778) est un des plus grands philosophes de l'époque des Lumières. Son oeuvre s'exprime dans tous les genres, et particulièrement dans le conte philosophique. Candide, publié en 1759, narre le voyage extraordinaire du jeune héros éponyme qui va faire son apprentissage en parcourant le monde, pour découvrir qu'il n'est point si beau que son précepteur Pangloss le lui a enseigné.
Après l'utopie de l'Eldorado, "le meilleur des mondes véritable", Candide retrouve "l'ancien monde" dès le début du chapitre suivant, où le mal est présent partout. Il découvre ainsi un des pires fléaux de l'époque, la pratique de l'esclavage (....)
[...] S'écria Candide, tu n'avais pas deviné cette abomination ; c'est un fait, il faudra qu'à la fin je renonce à ton optimisme. - Qu'est- ce qu'optimisme? disait Cacambo. - Hélas! Dit Candide, c'est la rage de soutenir que tout est bien quand on est mal et il versait des larmes en regardant son nègre ; et en pleurant, il entra dans Surinam(3). monnaie espagnole. personne admirée, vénérée, mais ici le mot est ironique, car son étymologie désigne ce qui est artificiel, factice. [...]
[...] Il découvre ainsi un des pires fléaux de l'époque, la pratique de l'esclavage. A travers cet extrait, l'auteur dénonce celle-ci parce qu'elle est immorale et cruelle. Nous verrons tout d'abord qu'il fait le constat de l'esclavage et le blâme, puis que ce récit utilise des discours variés pour soulever la polémique et faire évoluer son héros. I Un constat et une condamnation sans appel : Une situation improbable mais une pratique légitime : la rencontre fictive entre le héros blanc et un nègre au début du passage est certes improbable, mais elle permet à l'auteur, par l'intermédiaire de l'esclave, de faire le constat de leur situation consternante. [...]
[...] La description finale indique les réactions du héros, qui sont celles d'un enfant, pleurant versait des larmes ce qui montre qu'il est touché, et qu'il fait l'expérience du mal. Il devient ainsi de moins en moins candide. La prise de conscience et la révolte : Il s'agit d'un esclave qui s'est déjà révolté, comme en témoigne ses mutilations, et malgré la menace il n'hésite pas à se plaindre de son sort, en dénonçant ouvertement l'attitude des blancs à leur égard. Il est vrai que Candide l'appelle mon ami ce qui indique que lui ne fait pas de différence entre les hommes. [...]
[...] François-Marie Arouet, dit Voltaire (1694-1769), Candide chapitre XIX, extrait. Extrait En approchant de la ville, ils rencontrèrent un nègre étendu par terre, n'ayant plus que la moitié de son habit, c'est-à-dire d'un caleçon de toile bleue ; il manquait à ce pauvre homme la jambe gauche et la main droite. Eh! Mon Dieu! Lui dit Candide en hollandais, que fais-tu là, mon ami, dans l'état horrible où je te vois? - J'attends mon maître, M. Vanderdendur, le fameux négociant, répondit le nègre. [...]
[...] Son handicap le rend quasiment inutile, mais il reste esclave. Le parallélisme utilisé pour décrire les supplices ironise sur la légitimité de ceux-ci : Quand nous travaillons aux sucreries quand nous voulons nous enfuir . avec une relation cause-conséquence cynique, mais c'est l'usage Le vocabulaire est pathétique, avec étendu par terre pauvre homme modalisateur important puisque l'auteur indique ainsi qu'il le considère comme un homme, malheureux horrible tout comme l'allusion à sa famille, qu'on a trompée, ou encore la comparaison dépréciative sous forme d'énumération avec les animaux : Les chiens, les singes et les perroquets sont mille fois moins malheureux que nous renforcée par une hyperbole. [...]
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