Après de multiples péripéties, Candide et Cacambo atteignent, au terme d'un voyage éprouvant, le fabuleux pays de l'Eldorado. Ce passage propose une pause heureuse et harmonieuse grâce à laquelle Candide découvre « le meilleur des mondes ». Dans cet épisode romanesque, Voltaire réactive à la fois un mythe et une utopie et porte un regard moqueur sur les illusions véhiculées par ce paradis (...)
[...] Au cours d'une grande cérémonie régie par leur cacique (chef) ils prennent la direction du centre de la lagune en radeau pour y lancer leurs offrandes. Le cacique, appelé Guatavita, se baigne, couvert de résine et de poudre d'or pendant que le reste de la tribu attendait autour avec des torches allumées. Au moment de la conquête la cérémonie a pris une telle ampleur que les espagnols ont baptisé la province DORADO” (le doré). On n'a toutefois encore rien trouvé, ni or, ni émeraudes. [...]
[...] Je vous servirai d'interprète, dit-il à Candide ; entrons, c'est ici un cabaret. Aussitôt deux garçons et deux filles de l'hôtellerie, vêtus de drap d'or, et les cheveux renoués avec des rubans, les invitent à se mettre à la table de l'hôte. On servit quatre potages garnis chacun de deux perroquets, un contour bouilli qui pesait deux cents livres, deux singes rôtis d'un goût excellent, trois cents colibris dans un plat, et six cents oiseaux- mouches dans un autre ; des ragoûts exquis, des pâtisseries délicieuses ; le tout dans des plats d'une espèce de cristal de roche. [...]
[...] Le pays était cultivé pour le plaisir comme pour le besoin ; partout l'utile était agréable. Les chemins étaient couverts ou plutôt ornés de voitures d'une forme et d'une matière brillante, portant des hommes et des femmes d'une beauté singulière, traînés rapidement par de gros moutons rouges qui surpassaient en vitesse les plus beaux chevaux d'Andalousie, de Tétuan et de Méquinez. Voilà pourtant, dit Candide, un pays qui vaut mieux que la Vestphalie. Il mit pied à terre avec Cacambo auprès du premier village qu'il rencontra. [...]
[...] Le menu servi à l'auberge, traduit également l'amusement du narrateur qui accumule l'abondance et l'exotisme de mets extraordinaires quatre potages garnis chacun de deux perroquets, un contour bouilli qui pesait deux cents livres ( ) trois cents colibris dans un plat et six cents oiseaux-mouches dans un autre Le détail des voituriers polis et discrets traduit la raillerie du narrateur (ne dit-on pas jurer comme un charretier et les rapides moutons rouges qui voleront plus tard, relèvent à la fois de l'exotisme et du conte merveilleux. L'excès des dorures, l'outrance du merveilleux soulignent donc que le narrateur s'amuse à évoquer ce pays auquel il ne croit pas et sur lequel il porte un regard ironique. Des voyageurs trop naïfs et ridicules Les réactions de Candide et de Cacambo soulignent cette distance que prend le narrateur par rapport à ce pays merveilleux. [...]
[...] Le magister du village, en souriant, les jeta par terre, regarda un moment la figure de Candide avec beaucoup de surprise, et continua son chemin. Les voyageurs ne manquèrent pas de ramasser l'or, les rubis et les émeraudes. Où sommes-nous ? s'écria Candide ; il faut que les enfants des rois de ce pays soient bien élevés, puisqu'on leur apprend à mépriser l'or et les pierreries. Cacambo était aussi surpris que Candide. Ils approchèrent enfin de la première maison du village ; elle était bâtie comme un palais d'Europe. [...]
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