La visite de l'Eldorado introduit une pause dans un récit dont le rythme était jusque-là rapide et trépidant : jusque-là, Candide n'a cessé de se déplacer. À la frénésie du début succède le repos, et au récit des aventures de Candide la description du pays d'Eldorado. Cet épisode, par la place qu'il occupe au centre du roman, joue un rôle capital dans l'évolution de Candide.
Problématique de lecture : quelle est la fonction de l'épisode de l'Eldorado dans le parcours de Candide ? (...)
[...] Le roi leur montre aussi qu'ils font une erreur : Vous faites une sottise, leur dit le roi l.139). Mais Candide n'a pas achevé sa formation. D'un point de vue critique, à travers ces chapitres il s'agit pour Voltaire à la fois de détourner le lecteur de l'Europe telle qu'elle est et de lui proposer des idées pour une nouvelle Europe. Voltaire ne cède pas à la tentation de terminer son livre sur un idéal inaccessible : il faut trouver le bonheur dans la réalité, comme on le verra dans la petite métairie du chapitre 30. [...]
[...] La comparaison (faite par Candide) avec le monde des Thunder-Ten- Tronck au détriment de celui-ci La volonté de décrire l'Eldorado à dessein de critiquer la société européenne (présentée comme un idéal indépassable pour le jeune Candide au chapitre est sensible dans l'évocation de l'Eldorado comme le négatif du château des Thunder-Ten-Tronck : là où Voltaire justifiait faussement la richesse prétendue du château du baron dans le chapitre premier, ici l'auteur fait de même avec la modestie apparente de la demeure du vieillard, en employant des tournures restrictives inadéquates : Ils entrèrent dans une maison fort simple, car la porte n'était que d'argent, et les lambris des appartements n'étaient que d'or ( . L'antichambre n'était à la vérité incrustée que de rubis et d'émeraudes l.8), pas plus de vingt millions de livres sterling l.168). Cette description d'un paradis détruit l'image du paradis de Thunder- ten-tronckh. Le terme de paradis sera d'ailleurs utilisé par Candide pour désigner Eldorado au ch.24 l.13 : Ah ! [...]
[...] Voltaire invite au contraire les lecteurs à remettre en question leur façon de penser. Transition : l'Eldorado n'est donc pas une fin en soi, mais le moyen d'une satire de l'Europe et de la proposition constructive de valeurs susceptibles de remplacer celles de cet ancien monde. III. L'incarnation de valeurs À l'usage des EuropÉens (une utopie d'idÉes) : une leçon pour notre monde Voltaire compile ses idéaux humanistes : monarchie libérale, urbanisme et urbanité, développement des sciences. A. Le domaine économique et social Le domaine social : o harmonie entre les gens, politesse : les pria poliment à souper 18, l.102 o générosité (accueil du roi) o absence de différences entre les sexes (on trouve vingt belles filles dans la garde du roi et de grandes officières aux côtés des grands officiers o complicité et gaieté qui se manifeste dans la pratique du bon mot (plaisanterie subtile qui nécessite la complicité des interlocuteurs) o les hommes ne font pas de cabales, ils semblent à l'abri du vice (pas de prison) Le domaine économique : o l'or ne compte pas : Où sommes-nous ? [...]
[...] Problématique de lecture : quelle est la fonction de l'épisode de l'Eldorado dans le parcours de Candide ? Notes explicatives : Chapitre 17 : de gros moutons rouges : les lamas du Pérou, en réalité plutôt bruns ou roux que rouges (l.44) brocarts : soieries brodées d'or ou d'argent (l.49) colibri : oiseau à plumage éclatant (l.89) écot : contribution de chacun des convives dans un repas (l.100) Chapitre 18 : quand on est passablement : quand on se trouve bien (l.140) Eldorado : terme datant de 1640 le doré) qui désigne une région fabuleuse d'Amérique du Sud que l'on croyait remplie d'or et où se seraient réfugiés les survivants du peuple inca après la conquête de l'Amérique par les Espagnols. [...]
[...] fontaines d'eau pure, fontaines d'eau de rose, celles de liqueurs de canne de sucre l.104-106), trois mille bons physiciens l.166), il y avait deux grands moutons . vingt moutons de bât, trente . et cinquante . l.169-174) Perfection rendue par l'utilisation d'un vocabulaire mélioratif et des superlatifs : des hommes et des femmes d'une beauté singulière l.43), musique très agréable l.76), odeur délicieuses l.77), ragoûts exquis l.90), pâtisseries délicieuses l.91), politesse extrême l.95), jamais on ne fit meilleure chère, et jamais on n'eut plus d'esprit à souper qu'en eut Sa Majesté. [...]
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