L'épisode d'Eldorado, situé par Voltaire au centre du conte, s'inscrit dans la série des utopies dont le XVIIIème siècle a été à la fois si prodigue et si friand. L'originalité de l'épisode vient du traitement que Voltaire lui a réservé, à mi-chemin entre la caricature et le sérieux (...)
[...] Il y a appris que l'homme ne doit pas attendre le bonheur comme un événement miraculeux qui transformerait sa vie d'un coup et radicalement, ou bien le chercher comme on cherche un trésor, mais le construire patiemment en assumant la condition humaine dans ses limites et ses vicissitudes. Eldorado est un idéal Comme on l'a souvent remarqué, la fonction de l'utopie est double : elle dénonce ce qui est, et elle suggère ce qui pourrait être. L'Eldorado voltairien remplit ces deux fonctions. Il a d'abord une fonction critique : sa perfection souligne les imperfections et les tares du monde comme il va en l'occurrence des sociétés européennes du XVIII° siècle. [...]
[...] A la différence de l'utopie dans laquelle le bonheur est essentiellement le fruit de la parfait e organisation sociale, l'Eldorado est plutôt décrit comme une sorte de pays de cocagne où le bonheur tient à une profusion naturelle de toutes les ressources qui font à la fois la richesse des nations et le plaisir des hommes L'Eldorado voltairien se situe donc à la croisade des mythes et combine des éléments empruntés aux deux sources : l'Eldorado traditionnel confère à l'épisode son caractère fabuleux (un pays merveilleux où tout est trop beau pour être vrai, issu tout droit d'une légende), mais à l'utopie Voltaire emprunte son goût pour les descriptions minutieuses du fonctionnement de l'état et de la société. De cette double origine l'Eldorado voltairien tire son ambivalence et par là sa richesse : Paradis terrestre de bazar, Eldorado est la caricature d'une chimère ; pays-modèle où l'homme est heureux parce qu'il est sage, Eldorado reflète l'idéal voltairien en matière de gouvernement et de société. Eldorado est une illusion En rendant le pays inaccessible, Voltaire fait de son Eldorado une illusion. Il veut ainsi nous montrer que le pays où tout va bien est imaginaire. [...]
[...] Le Palais des Sciences qui fait l'admiration de Candide, révèle les sympathies de Voltaire pour les projets des rédacteurs de l'Encyclopédie, dont il était lui-même un collaborateur occasionnel. Ceux- ci (D'Alembert et surtout Diderot) voulaient faire de leur dictionnaire un ouvrage à la fois de science et de vulgarisation destiné à favoriser une plus large diffusion de la culture et de l'instruction, et à permettre de fructueuses comparaisons entre les différentes spécialités du savoir. Bref, l'encyclopédie voulait selon le mot de Diderot changer la façon générale de penser et, pour cela, elle accordait une place prépondérante aux sciences dites expérimentales (physique, chimie, biologie) et aux techniques au détriment des sciences théoriques traditionnelles : théologie, métaphysique, histoire. [...]
[...] L'utopie est le nom donné par Thomas More au XVI° siècle au pays imaginaire et idéal dont il décrit les mœurs. Par extension, (et d'ailleurs le nom même repose sur un jeu de mot : utopia vient du grec topos) le mot a été appliqué à tout projet imaginaire d'une société autre. Le plus souvent, pareilles sociétés sont décrites comme une sorte d'idéal, dont on envisage les principaux aspects (la religion, le gouvernement, les droits public et privé, les relations familiales, la sexualité et où l'homme connaitrait enfin le bonheur. [...]
[...] L'épisode d'Eldorado dans Candide : idéal ou illusion ? L'épisode d'Eldorado, situé par Voltaire au centre du conte, s'inscrit dans la série des utopies dont le XVIIIème siècle a été à la fois si prodigue et si friand. L'originalité de l'épisode vient du traitement que Voltaire lui a réservé, à mi-chemin entre la caricature et le sérieux. Le séjour de Candide en Eldorado couvre deux chapitres (17 et 18) sensiblement différents : dans le premier règne le merveilleux le plus conventionnel qui relève du traditionnel conte de fée ; dans le second l'exposé minutieux d'une cité idéale se substitue progressivement aux descriptions fabuleuses. [...]
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