Il semble intéressant d'expliquer plus précisément la signification des termes "conte" et "philosophique", afin de pouvoir au mieux les rattacher à Candide.
Le conte se définit comme un court récit d'aventures fictives, rendu invraisemblable par le merveilleux et l'accumulation d'histoires rocambolesques. Dans l'oeuvre de Voltaire, on remarque aux chapitres dix-sept et dix-huit l'utopie qu'est l'Eldorado, où le sol est jonché de pierreries. Voltaire fait aussi vivre à son héros une série incroyables d'aventures (...)
[...] Le terme philosophique quant à lui caractérise ce qui a une portée symbolique, ce qui porteur d'un message profond. Au XVIIIème siècle, le sens qu'on lui attribue est large. Il englobe la métaphysique, qui s'interroge sur la nature de Dieu, du monde et de l'homme. Il s'étend aux conséquences des découvertes scientifiques, à l'étude des systèmes politiques et sociaux, ainsi qu'aux règles morales. Candide nous offre tout une palette de ces préoccupations, chères à Voltaire. L'oeuvre se distingue par l'omniprésence d'un débat métaphysique sur le Bien et le Mal. [...]
[...] Ce dernier est plongé dans un monde métaphorique, où pauses narratives et longueurs de description se mêlent à une action rapide. Les événements se précipitent souvent en quelques lignes: le chapitre cinq contient une tempête, un naufrage, un séisme. Une seule ligne peut contenir une série d'actions, comme le montre cette phrase du chapitre six: Il s'en retournait, se soutenant à peine, prêché, fessé, absous et béni, lorsqu'une vieille l'aborda et lui dit [ . ] Mais les deux chapitres consacrés à l'Eldorado, les dix-sept et dix-huit, sont assez calmes. [...]
[...] Le conte philosophique mêle fiction et réflexion savante et permet ainsi de toucher un large public en transmettant des idées sous une forme plaisante. Voltaire l'utilise pour diffuser ses idées et y inclut une éducation intellectuelle apprendre à penser, à raisonner, à discuter et morale apprendre à être heureux. Candide en est la meilleure illustration. [...]
[...] Candide est également une oeuvre qu'on peut qualifier de philosophique car elle aborde quasiment tous les domaines de réflexion du XVIIIème siècle: intérêt pour la science au chapitre vingt-et-un, Candide interroge Martin sur une théorie selon laquelle la terre fut originairement une mer critique des excès de la religion dans l'ensemble du conte, on note l'intolérance et l'appétit de pouvoir de certains membres du clergé, par exemples les pères Jésuites au Paraguay dans le chapitre quatorze réflexion politique les chapitres trois, avec le combat des Abares et des Bulgares, et vingt-trois, avec la mort de l'amiral anglais et le conflit du Canada, condamnent la conduite des guerres par les gouvernements; aux chapitres dix-sept et dix-huit, l'Eldorado donne un exemple d'idéal de société et la satire sociale au chapitre dix-neuf, la rencontre avec le nègre de Surinam est l'occasion de dénoncer l'esclavage. Après avoir défini les deux termes conte et philosophique nous avons pu constater les liens qu'ils avaient avec Candide. L'expression conte philosophique qui rapproche ces deux mots désigne un genre littéraire né au XVIIIème siècle, qui reprend les caractéristiques du conte traditionnel, en y intégrant quelques particularités. Voltaire en fait un instrument d'argumentation et de vulgarisation qui se révèle une arme efficace dans sa lutte contre les dogmatismes. [...]
[...] Le cadre spatio-temporel est également typique du conte. L'ouverture, Il y avait en Westphalie, dans le château de M. le baron de Thunder-ten- tronckh est vague, intemporelle. Les lieux sont précis mais inexistants. Ils sont impossibles à situer, situés dans des contrées lointaines. Cela permet au lecteur de se projeter, de considérer le lieu où il vit. Dans l'article conte de l'Encyclopédie (1754), il est précisé que ce genre littéraire a pour objectif de divertir le lecteur. [...]
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