L'argumentation est l'art de dire et de défendre une thèse le plus efficacement possible. Quand un texte argumentatif fait appel avant tout aux sentiments du lecteur, on dira que ce texte utilise la persuasion. La forte présence des registres marque souvent que l'auteur cherche à nous persuader.
Or, dans le chapitre 3 de Candide, Voltaire semble utiliser pleinement l'art de persuader. En effet, dans cet extrait, nous voyons le héros éponyme plongé en plein coeur d'un conflit barbare. Il s'enfuit au travers d'un « théâtre de la guerre » terrible. Voltaire veut dénoncer ici la cruauté et l'absurdité de toute guerre : par conséquent, ce texte veut nous persuader par une mise en scène forte et affreuse.
Quels sentiments ce passage veut-il faire naître, pour mieux faire ressortir l'horreur guerrière ? Nous verrons tout d'abord que le texte est empreint de pathétique et de tragique ; mais nous y analyserons aussi la présence de l'ironie et de la satire (...)
[...] La guerre n'est pas une fatalité: donc Voltaire va en faire la satire avec ironie. Mais il va aussi se moquer des philosophes et de leur optimisme. L'ironie sur la guerre apparaît / transparaît / se fait / se fait jour / s'opère I se réalise I s'accomplit de deux manières dans ce texte: Voltaire dit l'inverse de ce qu'il pense, d'une part ; mais aussi, de manière plus subtile, il fait semblant d'être indifférent, d'être neutre, pour mieux faire ressortir l'horreur. [...]
[...] D'ailleurs / Par ailleurs. le texte évoque enfin des filles défigurées par le feu, des demi-mortes, des victimes qui ne peuvent plus être sauvées, qui ne pourront plus avoir de vraie vie après la guerre. Cela peut nous faire penser à / nous faire songer à / évoquer les gueules cassées de la première guerre mondiale. Ces victimes traumatisées demandent la mort, l'euthanasie, et cela rend leur situation encore plus émouvante, c'est une détresse totale. Ceci nous emmène vers le tragique. [...]
[...] Bien sûr, cette guerre sordide n'a rien d'héroïque, ni d'épique: la métaphore péjorative boucherie révèle I dévoile I témoigne de l'aspect sordide de la guerre. Ce mot ramène la vérité, comme le faisait celui enfer après le substantif harmonie On peut donc dire / affirmer I avancer que boucherie héroïque est un oxymore pour dénoncer / critiquer I attaquer la barbarie guerrière. Enfin, on peut voir une dernière antiphrase plus subtile dans la périphrase coquins qui [ . ] infectaient la surface [ du monde] pour désigner les soldats. Sont- ils vraiment coupables après tout ? [...]
[...] Il est difficile d'éclairer les ténèbres de l'humanité, sa folie et son absurdité, et les mots ne suffisent plus face à la force brute, comme le montrait déjà la fable pessimiste du Loup et de l'Agneau. Les leçons des Lumières ont été délaissées: mais n'a-t-on pas oublié aussi celles de l'Histoire récente du 20èmc siècle, quand on voit que les génocides et les gouvernements militaires sévissent toujours actuellement ? [...]
[...] quand le texte parle des lois du droit : public (ligne 12) pour désigner les actes de barbarie commis par les soldats, il y a encore ironie bien sûr : il ne s'agit plus de droit, de loi, de justice, il n'y a plus que la loi du plus fort et la folie humaine en jeu. La guerre est donc montrée de manière très satirique. Toutefois. Voltaire n'oublie pas un autre ennemi: les philosophes optimistes, ceux qui disent que le monde va bien et que tout est pour le mieux ! A la ligne l'expression meilleur des mondes est une citation de ces optimistes bornés, une citation ironique étant donné le contexte ici. De même les formules raison suffisante (ligne et raisonner [ . [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture