La citation de Camus, extraite de son essai L'Homme révolté, propose une définition assez classique de l'univers et des personnages de roman : un monde accordé au "désir profond de l'homme", qui reflète certes les souffrances, les forces et les faiblesses de l'humanité ordinaire mais dont les héros qui "courent jusqu'au bout de leur destin » et "vont jusqu'à l'extrémité de leurs passions" ont de quoi exalter et bouleverser le lecteur.
La question posée dans le sujet invite à illustrer la définition de Camus à partir d'exemples puisés, notamment, dans les grands classiques du genre romanesque (...)
[...] La multiplication des romans autobiographiques ou des récits hybrides qualifiés d'« auto-fictions laisse à penser que nombre d'auteurs se font romanciers de leur propre existence plutôt qu'inventeurs de héros fictifs. L'écrivain raconte ainsi sa vie qu'il peut certes transformer en destin mais sans en connaître jamais le dernier mot. Cependant, l'acte même de l'écriture, la mise en forme narrative ou romanesque d'une vie réelle permet d'en corriger l'image et le sens, suivant le désir profond de l'auteur comme le dirait Camus. [...]
[...] Le roman viserait ainsi à raconter comment l'on devient ce que l'on est. a. À l'origine du roman de formation, particulièrement développé au xixe siècle, se trouve le roman picaresque à la mode au xviiie siècle : Lesage dans son Histoire de GilBlas de Santillane, raconte ainsi comment son héros parviendra à un idéal de sagesse et de mesure. b. Si Julien Sorel, héros du Rouge et Le Noir, est déçu dans ses désirs d'ascension sociale, il mourra en accord avec lui-même et ses véritables sentiments. [...]
[...] Il s'agit ici de nuancer l'affirmation de Camus selon laquelle le monde romanesque n'est que la correction de ce monde-ci, suivant le désir profond de l'homme. Car il s'agit bien du même monde Un monde sans hasard, créé et manipulé par le romancier Bien que l'illusion réaliste semble soumettre les héros romanesques aux aléas de l'existence, aux caprices du sort, le lecteur sait bien que le romancier sait où et comment il va mener ses créatures : a. Dans l'extrait de Jacques le Fataliste , le narrateur ironise sur la toute-puissance du créateur qui manipule ses personnages à la manière d'un marionnettiste. [...]
[...] La définition proposée par Camus, propre à l'esthétique classique du roman et de ses personnages, ne convient pas à une certaine évolution moderne du genre romanesque. l. L'émergence des antihéros a. Meursault, narrateur-personnage de L'Étranger, semble a priori bien éloigné de la définition de ces héros qui vont jusqu'à l'extrémité de leur passion En effet, le personnage inventé par Camus est souvent considéré comme le type même del'« antihéros homme sans qualités ni passions, menant une existence médiocre jusqu'au crime absurde qui en fait basculer le cours. [...]
[...] Les héros romanesques, des êtres fictifs qui vont au bout de leurs passions et de leur destin 1. Des héros pleins d'énergie et de passion a. Un héros romanesque est souvent conçu comme un personnage doté d'une forte personnalité, en bien ou en mal, et incarnant des grandes valeurs ou des passions extrêmes. Le roman a ainsi longtemps assumé l'héritage du genre épique et la tradition du roman de chevalerie médiéval. b. Parmi les textes du corpus, Michel Strogoff figure au mieux ce type de héros sans peur et sans reproche, tandis que la Bérénice d'Aragon incarne le rare et exigeant goût de l'absolu c. [...]
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