Ce passage se situe à un moment clé du roman et Camus a réuni tous les principaux personnages autour du chevet de l'enfant. Castel, le vieux médecin (le premier à avoir diagnostiqué la peste), a mis au point un sérum et décide de l'essayer sur le jeune fils du juge Othon dont le cas est désespéré. La tentative échoue et l'enfant meurt dans des conditions dramatiques. Son agonie va ébranler les convictions du prêtre Paneloux dont les sermons faisaient de l'épidémie un châtiment céleste (...)
[...] Si les romans, de même que la poésie, nous parlent souvent de la mort, c'est pour évoquer les inquiétudes, les regrets ou les remords qui animent tout être humain au terme d'une vie et au seuil de l'inconnu. La description de la mort elle-même fait figure d'exception comme par exemple Flaubert décrivant de façon clinique les derniers moments de la vie de d'Emme Bovary qui s'est empoisonnée à l'arsenic. Encore s'agit-il d'une personne adulte et de l'échec d'une existence dévastée par trop de rêves au sein d'une société bourgeoise sans esprit et sans espoir au XIXè siècle. [...]
[...] (puis) trempé Les effets de la maladie ou les postures de la mort qui s'annonce. Ils sont rendus par un champ lexical d'observations clinique omniprésentes tout au long du texte : raidit brusquement comme mordu à l'estomac se pliait de nouveau secoué de frissons et de tremblements convulsifs souffles répétés de la fièvre haletant se recroquevilla agita follement la tête Ces observations accentuent le caractère saisissant de la scène. La vulnérabilité de cet enfant qui fait de lui une victime innocente, le réalisme de la description physique, sa détresse croissante de gémissant à la première ligne à l'épouvante de la flamme qui le brûlait (l.23), puis la crise de larme avec ce dernier mot répété aux lignes 24 et 30 suscitent chez le lecteur une émotion intense empreinte de pitié. [...]
[...] L'expression est frappante car inattendue par le rapprochement de deux termes relevant de registres antithétiques, Cet oxymore conclut le récit en créant une réalité symbolique par : La référence à la religion avec la connotation christique (le Christ crucifié) Par la dérision provoquée par la laideur que souligne l'adjectif péjoratif grotesque Ici la mort n'a plus rien d'héroïque, elle est destruction de l'enfant, anéanti dans sa grâce et l'humanité : son corps est enlaidi, sa posture difforme fait de lui un pantin défiguré et disloqué par la souffrance. L'agonie de l'enfant consacre l'absurdité du monde pour Camus : pour qui rien ne viendra jamais justifier la mort d'un innocent. Ni salut, ni transcendance dans cet univers mais une accusation métaphysique, une révolte qui émane de toute la scène. Je refuserai jusqu'à la mort d'aimer cette création où les enfants sont torturés dira Rieux au Père Paneloux dans les pages suivantes. [...]
[...] Castel, le vieux médecin (le premier à avoir diagnostiqué la peste), a mis au point un sérum et décide de l'essayer sur le jeune fils du juge Othon dont le cas est désespéré. La tentative échoue et l'enfant meurt dans des conditions dramatiques. Son agonie va ébranler les convictions du prêtre Paneloux dont les sermons faisaient de l'épidémie un châtiment céleste. A la suite de cette mort scandaleuse, la docteur Rieux clamera sa révolte contre un Dieu qui laisse mourir un enfant dans de telles conditions. [...]
[...] Justement l'enfant, comme mordu à l'estomac, se pliait de nouveau, avec un gémissement grêle. Il resta creusé ainsi pendant de longues secondes, secoué de frissons et de tremblements convulsifs, comme si sa frêle carcasse pliait sous le vent furieux de la peste et craquait sous les souffles répétés de la fièvre. La bourrasque passé, il se détendit un peu, la fièvre sembla se retirer et l'abandonner, haletant, sur une grève humide et empoisonnée où le repos ressemblait déjà à la mort. [...]
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