Tous les détails physiques laissent comprendre qu'il s'agit d'un homme solide "de taille moyenne, mais trapu", armé de certitude, inébranlable dans ses raisonnements "serrant le bois entre ses grosses mains", animé par sa foi "il avait une voix forte, passionnée...", et en même temps proche de la nature humaine par ses défauts singuliers (des "joues rubicondes"). Il inspire donc confiance dans ses propos, même si deux notations, sa "forme épaisse et noire" en font un personnage à part, peut-être inquiétant, en tout cas qui impressionne par son allure et ses "lunettes d'acier" qui révèlent une certaine dureté de regard et d'analyse (...)
[...] Cette question revient dans le roman avec plus de force et d'humanité lors de la mort de l'enfant du juge Othon. Elle pose un problème fondamental : comment concilier la croyance en Dieu et l'existence du mal qui agit aveuglément, de façon absurde. Pour l'homme, selon Camus, il n'est pas question de punition ni de repentir mais de se situer face au mal. La présence de Paneloux était nécessaire pour compléter la peinture des attitudes humaines devant la mort. Et ce personnage qui n'est pas schématisé va évoluer. [...]
[...] 50 Le personnage de Paneloux apparaît dans le roman bien avant son sermon. Il est très estimé dans la ville. Et même les personnes indifférentes en matière de religion le respectent. Camus a voulu représenter les idées chrétiennes devant le mal et le malheur par un personnage estimable. C'est un jésuite érudit et militant (p.23). C'est-à-dire un savant en théologie, en philosophie, convaincu de sa foi et de sa science des textes bibliques (ancien et nouveau Testament). Son premier sermon est celui d'un intellectuel qui s'appuie sur de nombreuse références bibliques pour expliquer la cause du mal. [...]
[...] Indication pour accentuer la réalité vécue de la scène et l'ascendant de Paneloux sur l'auditoire. Si la peste vous regarde c'est-à-dire s'intéresse à vous, ce n'est pas hasard. Paneloux reprend son image du fléau, métaphore filée, qu'il exploite avec un art consommé de la sémantique. Le fléau, calamité désastreuse qui s'abat sur les hommes, devient symboliquement l'outil de Dieu qui lui permet de battre les hommes jusqu'à ce que ceux qui sont capables de l'aimer soient séparés des autres. L'un des sens du mot fléau est de désigner l'outil archaïque des paysans leur servant à battre le blé pour que la paille soit séparée du grain (mot polysémique : c'est aussi une arme). [...]
[...] La Peste d'Albert Camus Passage étudié : Le premier prêche du Père Paneloux Texte : Il était de taille moyenne, mais trapu. Quand il s'appuya 1 sur le rebord de la chaire, serrant le bois entre ses grosses mains, on ne vit de lui qu'une forme épaisse et noire surmontée des deux taches de ses joues, rubicondes sous les lunettes d'acier. Il avait une voix forte, passionnée, qui 5 portait loin, et lorsqu'il attaqua l'assistance d'une seule phrase véhémente et martelée : Mes frères, vous êtes dans le malheur, mes frères, vous l'avez mérité un remous parcourut l'assistance jusqu'au parvis. [...]
[...] A ses yeux, les hommes ne se contentent que du repentir d'un moment pour se racheter de leurs fautes en comptant sur la miséricorde divine. Mais Dieu attend d'eux autre chose : il attend leur amour, un amour absolu, sans faille, une véritable foi qui ne saurait se contenter d'une présence ponctuelle et formelle à certains rites : baptême, mariage, enterrement . (Paneloux le dira dans la suite de son prêche). Lignes 49/50 : La conclusion de l'extrait (le prêche se poursuit sur 3 pages). [...]
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