Camus (1913-1960) est un écrivain, dramaturge, essayiste et philosophe français. Il a développé dans divers genres et registres un humanisme fondé sur la prise de conscience de l'absurdité de la condition humaine. En 1956, paraît La Chute, récit complexe entre monologue et dialogue dont nous allons étudier ici l'incipit. En quoi est-il original ? En général, il apporte des informations sur les personnages, le cadre spatio-temporel et l'intrigue. Or ici, il nous plonge dans une situation de communication particulière, dans un dialogue implicite établi autour de deux thèmes et nous met en attente de son issue et du véritable sujet de récit (...)
[...] Ils représentent les paroles civilisées (l.15) opposées au mutisme assourdissant (l.13) du barman mais en mettant en apposition eux dans la dernière phrase, le locuteur souligne la duplicité des gens supérieurs. Le cadre spatio-temporel : Il est de plus en plus précis : cet établissement ce bar d'Amsterdam (l.16) et Mexico-city (l.17). De plus, il s'agit d'un port puisque le bar reçoit des marins (l.16). Mais le moment et l'époque sont inconnus, donc la situation est intemporelle. Les horizons d'attentes : Qui est le je ? Qui est le vous ? Quel est le passé du locuteur ? Que fait-il ici ? [...]
[...] Cette image de gorille est constamment reprise avec le champ lexical de l'animalité que sont les forêts primitives l'homme de cro-magnon les créatures ou encore les primates De la proposition de services (l.1) à l'évocation du barman il s'est opéré un glissement. On est passé d'une situation dans laquelle les gens s'interpellent avec civilité à l'évocation des aspects très primitifs de l'homme. La difficulté de communiquer : Tout le paragraphe est construit sur l'idée d'incompréhension. (l.2-4-5-6) Ces expressions attirent l'attention sur les difficultés à se faire entendre quand la langue reste un obstacle majeur et l'insistance sur les termes grogner va dans le même sens suggérant une différence au niveau de la langue et de la manière de s'exprimer. [...]
[...] Il ne parvient pas à déterminer le thème du roman. Le titre ne nous informe pas davantage. La situation d'énonciation est complexe et l'interlocuteur ambigu. Le lecteur ne peut qu'émettre des hypothèses. Les horizons d'attentes sont importants, ce qui l'incite à poursuivre sa lecture. Conclusion : Même s'il nous donne quelques éléments sur les personnages et leur situation, cet incipit est original car il le fait au travers d'un système d'énonciation implicite dans le cadre d'une conversation banale dont on ignore si elle aborde le thème du récit. [...]
[...] Il joue les intermédiaires, il est bavard, s'adresse aux premiers venus mais son langage est soutenu quand il répond vous êtes trop bon à son interlocuteur. Il se présente comme un observateur des hommes (l.25) et un justicier en utilisant le vocabulaire d'un avocat ( vous proposez mes services plaider votre cause il se rend à mes arguments (l.6) et heureux de vous avoir obligé (l.10)). Il semble être un habitué du lieu. On ne sait rien sur l'interlocuteur. Il écoute et accepte de boire. Il est courtois et poli. [...]
[...] Lorsqu'il est COD ou COI, il est destinataire de remerciements ou de paroles. Et lorsqu'il est sujet, il correspond à des jugements du locuteur vous avez de la chance (l.17)). Mais cet interlocuteur ne parle pas, seules les répliques du locuteur nous font connaître son avis. L'implicite du passage : Les indices du discours au style direct (guillemets et verbes introducteurs) sont absents. A partir de la ligne l'interlocuteur autorise le locuteur à lui venir en aide auprès du barman. [...]
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