Camus (1913-1960) est un écrivain, dramaturge, essayiste et philosophe français. Il a développé dans divers genres et registres un humanisme fondé sur la prise de conscience de l'absurdité de la condition humaine. En 1956, paraît La Chute, récit complexe entre monologue et dialogue dont nous allons étudier ici la fin du second chapitre où Jean-Baptiste Clamence, le locuteur, décrit Paris du temps où il était un brillant avocat. Comment le thème de la chute, titre de ce roman, est-il amené ? Nous verrons d'abord qu'il se représente comme un être supérieur puis qu'il évolue dans un univers changeant pour enfin, donner une tonalité fantastique à son anecdote (...)
[...] Plus loin, le rire descend du fleuve, là où il n'a pas voulu regarder (l.36) comme si l'on voulait l'y attirer. Clamence est au départ animé par la surprise (l.32), puis il s'immobilise et entend les battements de son cœur (l.40) : l'émotion est importante. Il cherche à se rassurer mais le rire est un élément surnaturel qui en brisant son quotidien le fragilise. L'élément de résolution et la situation finale : Bientôt je n'entendis plus rien nous fait croire qu'il va enfin retrouver son bien-être intérieur. [...]
[...] L'image de Paris : C'est un Paris populaire qui nous est décrit ici avec des références à son fleuve (l.11 et la Seine aux bouquinistes (l.12), au pont des Arts (l.10 et et à la rue Dauphine (l.44), un Paris vorace qui nous rappelle le roman Le ventre de Paris d'Émile Zola où règne la loi de la jungle comme dans Le père Goriot de Balzac. Une clarté déclinante : Par les expressions, les lampadaires brillaient faiblement on voyait le fleuve luire (l.10-11), une brillante improvisation (l.21), le ciel se remplissait peu à peu d'étoiles (l.14-15) et le ciel était encore clair mais s'assombrissait on sent une menace sous-jacente, on ressent que quelque chose se prépare dans la pénombre. La nuit qui vient a une portée symbolique. [...]
[...] Il ne peut alors plus se mentir à lui-même, son sourire lui paraît double. Il domine visuellement la rue à la fin du passage mais il n'est plus omnipotent. La fermeture de la fenêtre représente la fin de son règne. A partir de là, le sentiment de vulnérabilité entraine Jean Baptiste sur un chemin différent à la recherche de la vérité. Confronté à sa propre dualité, il trouvera en Hollande, pays où le peuple est double, un refuge. Conclusion : Avocat reconnu, Clamence s'estimait supérieur et évoluait dans un paisible cocon d'autosatisfaction mais son environnement serein et connu va changer et laisser surgir un élément surnaturel, un rire anonyme, lourd de menace. [...]
[...] On pense à la Rochefoucauld qui usait de formules courtes (maximes) parfois détachées du réel. Mais dans cette atmosphère propice aux fantasmes, le pont était en effet désert à cette heure (l.25), l'inexplicable et le fantastique vont surgir car c'est l'heure de la révélation pour Clamence. L'élément perturbateur et la réaction du personnage : La ponctuation augmente avec de plus en plus de virgules et les phrases sont plus courtes. Le rythme s'accélère et les sensations s'intensifient. Le temps change passant de l'imparfait duratif au passé simple (l.29), ce qui crée encore une accélération. [...]
[...] Il est toujours du bon côté, celui des généreux et des charismatiques. Il domine l'île (l.27), le champ lexical de la hauteur je remontais j'étais monté (l.24), je dominais l'île (l.27) et je me redressai (l.29)) montre qu'il se sent très puissant. Il se grandit et ne voit plus de limites. De plus, ce vaste sentiment de puissance (l.27- 28) est amplifié par un ressenti physique je sentais (l.27) et dilatait mon cœur (l.29)). Un sentiment de satisfaction : Jean-Baptiste Clamence est plutôt fier de lui je goûtais j'étais content (l.18) la journée avait été bonne il s'autosatisfait. [...]
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