Ce qu'il est essentiel de remarquer, c'est que l'ordre des événements semble se télescoper, s'entrecroiser. L'ordre diégétique ne correspond pas véritablement à l'ordre du récit. En effet, in medias res le narrateur nous apprend que sa mère est morte, soit aujourd'hui, soit hier. Nous sommes donc ici en présence d'une analepse : "aujourd'hui, maman est morte. Ou peut-être hier (...)". Ce qui s'est passé hier nous est rapporté à maintenant (...)
[...] Le narrateur commente et comme le lecteur, il est dans le flou total. Par la suite, nous avons un moment descriptif de l'asile, nous savons qu'il se situe à Alger. Il s'agit ici encore d'une pause. Celle-ci se poursuit : en somme, je n'avais pas à m'excuser. C'était plutôt à lui de me présenter ses condoléances. Mais il le fera sans doute après-demain, quand il me verra en deuil Les temps sont mélangés, on passe de aujourd'hui à demain puis après-demain Le narrateur- personnage ne sait plus où il en est, tout comme le lecteur. [...]
[...] Ce qui est étonnant dans le passage, c'est ce télescopage des temps, les prolepses et analepses. Nous passons d'un présent à un imparfait. L'incertitude du narrateur fait passer le lecteur d'un temps à l'autre : maman est morte ; c'était peut-être hier L'ordre des évènements est aussi fortement bousculé avec la fin du passage. En effet, la fin du passage n'est que le sentiment du narrateur lors de son départ en bus ; ce bus qu'il a pris à deux heures. [...]
[...] On ne sait que peu de choses sur les personnages. Le narrateur autodiégétique semble bousculé autant que le lecteur par ce qui se passe. Le lecteur suit pas à pas, au coin d'un détour, le narrateur-personnage. Nous sommes en présence, parfois, d'une narration intercalée (dans les temps et les faits) et parfois simultanée. On ne veut pas manquer le départ non plus, un départ plutôt chaotique mais néanmoins virevoltant. [...]
[...] En outre, le narrateur nous apprend qu'Emmanuel a perdu son oncle, il y a de cela quelques mois. Nous supposons que le narrateur connaît bien la gérante du restaurant Céleste puisqu'il y mange comme d'habitude Cet incipit qui commence in medias res est déroutant pour le lecteur, et nous invite à un style d'écriture particulier, celui de Camus. Certes, le lecteur est désorienté, mais cela a pour objet premier de le tenir en haleine, d'où cette distorsion entre récit et diégèse ainsi que l'accumulation d'analepses et de prolepses. [...]
[...] Le temps du repas à son départ de chez Céleste est très réduit. On a peu d'indications de la part du narrateur sur les personnages Emmanuel et Céleste. La pause reprend alors. Le narrateur apporte un élément au lecteur : il a perdu son oncle, il y a quelques mois Cependant, comme pour le décès de la mère du narrateur, nous restons dans le flou, nous avons peu de précisions. Dans la phrase : j'ai dormi pendant presque tout le trajet. [...]
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