L'Etranger est le premier « récit » d'Albert Camus (1913-1960) auteur engagé, humaniste, journaliste et plus jeune prix Nobel de littérature. Terminé en 1940, il ne le publiera qu'en 1942. Il appartient au premier cycle de l'oeuvre de l'auteur, consacré à la philosophie de l'absurde. Ce « roman » connut un succès qui n'a jamais cessé. C'est le personnage principal, Meursault, qui raconte les événements qui l'ont amené à une condamnation à mort.
Dans ce passage initial, le personnage principal, qui est aussi le narrateur, apprend que sa mère vient de mourir dans un asile et se prépare à rejoindre la défunte.
Ce début de « récit », comme le désignait l'auteur, semble à la fois étonnant par son propos mais également par la modernité de son écriture (...)
[...] Céleste et Emmanuel, deux prénoms, sont des connaissances, mais le lecteur ne connaît rien d'eux. Le pronom Ils dans la phrase : Ils avaient tous beaucoup de peine pour moi . est à l'image de cette narration, un collectif qui concerne les clients et le personnel du restaurant, mais on ne sait pas exactement qui il représente. On apprend enfin que Meursault travaille à Alger mais on ne sait rien de son emploi, de son âge, de son portrait, sinon qu'il porte des habits de deuil et qu'il semble avoir un mode de vie assez simple. [...]
[...] Albert Camus (1913-1960), L'étranger Chapitre première partie, incipit, quatre premiers paragraphes. Texte : I Aujourd'hui, maman est morte. Ou peut-être hier, je ne sais pas. J'ai reçu un télégramme de l'asile : Mère décédée. Enterrement demain. Sentiments distingués. Cela ne veut rien dire. C'était peut-être hier. L'asile de vieillards est à Marengo, à quatre-vingts kilomètres d'Alger. [...]
[...] Je prendrai l'autobus à deux heures et j'arriverai dans l'après midi. Ainsi, je pourrai veiller et je rentrerai demain soir. J'ai demandé deux jours de congé à mon patron et il ne pouvait pas me les refuser avec une excuse pareille. Mais il n'avait pas l'air content. Je lui ai même dit : Ce n'est pas de ma faute. Il n'a pas répondu. J'ai pensé alors que je n'aurais pas dû lui dire cela. En somme, je n'avais pas à m'excuser. C'était plutôt à lui de me présenter ses condoléances. [...]
[...] Après l'enterrement, au contraire, ce sera une affaire classée et tout aura revêtu une allure plus officielle. J'ai pris l'autobus à deux heures. Il faisait très chaud. J'ai mangé au restaurant, chez Céleste, comme d'habitude. Ils avaient tous beaucoup de peine pour moi et Céleste m'a dit : On n'a qu'une mère. Quand je suis parti, ils m'ont accompagné à la porte. J'étais un peu étourdi parce qu'il a fallu que je monte chez Emmanuel pour lui emprunter une cravate noire et un brassard. [...]
[...] L'évocation de la mort de l'oncle d'Emmanuel est aussi laconique. Mais la symbolique du sommeil et du réveil, dans le quatrième paragraphe, qui s'oppose à la mort de la mère, donne une dimension tragique à la condition humaine. une narration originale : Ce récit est écrit à la première personne et utilise les temps du discours, à savoir le présent qui a souvent valeur de constat et le passé composé qui indique qu'il relate une action antérieure, comme dans le premier paragraphe. [...]
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