Dans sa préface de Britannicus, Jean Racine affirme : "De tous les ouvrages que j'ai donnés au public, il n'y en a point qui m'ait attiré plus d'applaudissements ni plus de censeurs que celui-ci". Le succès est en effet assuré par le genre auquel appartient cette pièce, une tragédie classique qui à cette époque est très convoitée.
Le parfum de scandale, lui, est justifié par le caractère du personnage, Néron, connu grâce à Tacite, pour avoir tué sa mère et mis le feu à Rome, ville dont il est empereur. Se rapprochant du dilemme cornélien, Jean Racine présente Néron comme un personnage dépendant de l'honneur et de la gloire mais aussi en proie à un amour qui anime chez lui un sentiment de jalousie dévastateur. Le besoin d'être reconnu, la volonté d'atteindre la gloire, la renommée, cette jalousie suscitée par la relation entretenue entre Britannicus et Junie provoquent chez lui un besoin de tuer son rival : Britannicus.
Ce projet violent crée dans la pièce une scission entre les personnages qui le défendent et ceux qui le condamnent. Burrhus, fidèle conseiller de Néron est lui entre ces deux parties comme un intermédiaire. Il tente de calmer les esprits et d'instaurer la paix entre les personnages (...)
[...] Non, ou vous me croirez, ou bien de ce malheur Ma mort m'épargnera la vue et la douleur : On ne me verra point survivre à votre gloire, Si vous allez commettre une action si noire. (il se jette à genoux) Me voilà prêt, Seigneur : avant que de partir, Faites percer ce cœur qui n'y peut consentir ; Appelez les cruels qui vous l'ont inspirée ; Qu'ils viennent essayer leur main mal assurée . Mais je vois que mes pleurs touchent mon empereur. [...]
[...] Cette fois-ci, il est encore fictif et une entreprise vaine puisqu'il utilise le style direct afin de citer fidèlement les paroles qu'il rapporte qui sont partout en ce moment on me bénit on m'aime / on ne voit point le peuple à mon nom s'alarmer / le ciel dans tous leurs pleurs ne m'entend point nommer / leur sombre inimitié ne fuit point mon visage / je vois voler partout les cœurs à mon passage! ou encore, je voudrais, disiez-vous ne savoir pas écrire Burrhus ne laisse pas à Néron la possibilité de répondre. A deux reprises, Burrhus formule une question sans même attendre une réponse, aux deux premiers vers mais aussi vous fait-elle seigneur haïr votre innocence? Le principe de question réponse est violé. Burrhus monopolise ainsi la parole dans un contexte, l'extrait de la scène, où les répliques sont plutôt brèves. L'attention est donc plus centrée sur ce discours. [...]
[...] Burrhus est l'incarnation du bien et de la raison, un caractère mis en avant à chaque intervention qu'il fait. Jusqu'à maintenant il était l'avocat de Néron, mais ici, il est surtout l'avocat de Rome, du peuple romain. Cela montre qu'il a une conscience du destin individuel mais aussi collectif. Dans cette tirade, le conseiller dépasse son rôle. Il parle au nom du peuple romain le bonheur public Il critique ceux qui veulent que Néron commette un crime. Il rappelle Néron à la raison par l'interrogative ah! [...]
[...] En associant le gloire à l'adjectif noire Burrhus qualifie cette gloire comme étant faussée par le crime et le vice. Il tente de montrer à Néron l'illégitimité de la gloire qu'il aura en commettant un tel crime. Il insiste donc sur cela pour justifier son avis. A la cruauté du crime, Burrhus sous-entend également que l'entourage influence Néron. Burrhus veut convaincre Néron que le projet est cruel mais aussi que l'entourage politique alimente cette cruauté. Burrhus porte un jugement négatif à l'égard des partisans de Néron. [...]
[...] Plan La tirade de Burrhus, un discours délibératif A. Une argumentation omniprésente B. Une élocution engagée, digne d'un orateur, pour convaincre Néron C. Convaincre que le projet est cruel mais aussi que l'entourage politique alimente cette cruauté II) Une tension existante mais qui ne dissout pas le lien qui unit ces deux personnages A. Burrhus : un conseiller dévoué B. La dualité du bien et du mal à venir III) Une tirade prophétique ou une nouvelle conception de la condition humaine A. [...]
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