Commentaire littéraire entièrement rédigé sur la scène 6 de l'acte II de Britannicus de Racine (la scène de la première rencontre entre Britannicus et Junie).
[...] LES EFFETS TRAGIQUES ET PATHÉTIQUES D'UNE SITUATION DE TRIPLE DISCOURS La présence cachée de Néron crée une situation très particulière qui suscite la pitié du lecteur pour les deux amants malheureux et qui place Britannicus dans une position éminemment tragique. A. Une situation de triple énonciation d'où naît l'incompréhension des amants Racine complique en effet la situation habituelle de double énonciation théâtrale d'un niveau supplémentaire : non seulement les paroles vont d'un personnage à l'autre et des personnages à la salle, mais aussi des personnages présents à Néron, caché à l'insu de Britannicus. Racine fait en sorte que le spectateur comprenne ainsi les propos voilés de Junie, mais laisse le personnage de Britannicus dans l'incompréhension. [...]
[...] Racine exprime de manière théâtrale le fait que Britannicus est voué tragiquement à quitter la scène théâtrale, image de la scène politique. Or Néron était bien dans la vie en représentation et aimait d'ailleurs jouer la comédie au théâtre (à sa mort, il aurait dit : Qualis artifex pereo ! : Quel artiste meurt avec moi ! C'est donc tout naturellement que Racine s'empare de ce personnage pour montrer sur la scène le machiavélisme de cet hypocrite dans la vie. [...]
[...] 1 Commentaire de la scène 6 de l'acte II de Britannicus de Racine : la première rencontre entre Junie et Britannicus TEXTE : JUNIE, BRITANNICUS, NARCISSE BRITANNICUS Madame, quel bonheur me rapproche de vous ? Quoi ! je puis donc jouir d'un entretien si doux ? Mais, parmi ce plaisir quel chagrin me dévore ! Hélas ! puis-je espérer de vous revoir encore ? Faut-il que je dérobe avec mille détours, Un bonheur que vos yeux m'accordaient tous les jours ? [...]
[...] Qu'est devenu ce coeur qui me jurait toujours De faire à Néron même envier nos amours ? Mais bannissez, Madame, une inutile crainte. La foi4 dans tous les coeurs n'est pas encore éteinte ; 740 JUNIE Ah ! Seigneur, vous parlez contre votre pensée. Vous-même, vous m'avez avoué mille fois Que Rome le louait d'une commune voix ; Toujours à sa vertu vous rendiez quelque hommage. Sans doute la douleur5 vous dicte ce langage. BRITANNICUS Ce discours me surprend, il le faut avouer. Je ne vous cherchais pas pour l'entendre louer. [...]
[...] Les interjections Hélas ! placées en début des vers 694 et 703 concourent également à cet effet pathétique. C. Une situation tragique pour Britannicus Qui plus est, cette scène est fortement empreinte d'ironie tragique : Britannicus est bien dans une situation qu'il croit être favorable, alors qu'il contribue en réalité à sa perte par ses paroles malheureuses. De la sorte, Racine place dans la bouche de Britannicus des propos exactement contraires à la vérité : Nous sommes seuls ( . [...]
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