Boris Vian est un écrivain et musicien d'entre-deux-guerres, personnage aux multiples talents, passionné de jazz mais aussi ingénieur. Grâce à un style plein de fantaisie mais aussi emprunt de douleur ou de provocation, il a su prendre du recul vis-à-vis des formes habituelles de l'écriture, comme le prouve par exemple L'Écume des jours, un roman daté de 1947 qui a été salué par Raymond Queneau comme "le plus poignant des romans d'amour contemporains".
Dans ce passage situé à cheval sur les chapitres 31 et 32 du livre, nous assistons à la montée de l'angoisse de Colin. Nous verrons donc dans un premier temps comment Boris Vian met en place un monde hostile pour nous faire ensuite pénétrer dans la conscience bouleversée de son personnage (...)
[...] Le fantastique fait donc irruption dans le merveilleux et le lecteur s'inquiète car il sait que le récit fantastique débouche presque toujours sur une issue fatale contrairement au conte dont le dénouement est toujours heureux. Le monde extérieur se ligue contre Colin en dressant par ailleurs des obstacles sur son passage comme le trottoir qui se dresse, ou bien arrêté au cœur par des sections de nuit Quant à la pyramide, elle constitue un obstacle vertical majeur. L'horizontalité devient verticalité. Le verbe précipiter connote l'agression contre Colin tout comme l'adjectif aigu qui qualifie l'angle. [...]
[...] L'extrait porte au 2/3 sur la difficulté de Colin à regagner l'appartement où repose Chloé. Il doit donc se battre pour vaincre les obstacles mis sur son passage et soudain le jeune homme pacifique devient meurtrier puis géant. Sauvagement fait d'ailleurs écho à brusquement Puis il crache sur le corps du garçon en signe de colère et de mépris ce qui est un clin d'oeil à j'irai cracher sur vos tombes. Colin est en même temps en perpétuel mouvement du début à la fin de l'extrait comme en témoignent les innombrables verbes d'action: courut, décocha, bondit, filait, disparut, courait de toutes ses forces, courait, courait, il courait vers le sommet, franchit, monta, ouvrit Il n'a pas de temps à perdre ; Il courait de toutes ses forces et les gens, devant ses yeux, s'inclinaient lentement, pour tomber, comme des quilles La chute des passants décrit les effets subjectifs de la vitesse du déplacement. [...]
[...] Nous assistons ici à une inversion des valeurs à savoir l'humain perd de son importance au profit de l'objet. Il est même réifié: les gens sont comparés à des quilles voire à de la matière du carton quant à la tête coupée à coup de patin du garçon, elle fait penser à un ballon de foot qui va se coincer sur une des cheminées d'aération. Rien de pathétique, habituellement lié à la mort ni de dramatique. C'est délibérément comique voire burlesque. [...]
[...] Boris Vian, l'Écume des jours, Boris Vian est un écrivain et musicien d'entre-deux-guerres, personnage aux multiples talents, passionné de jazz mais aussi ingénieur. Grâce à un style plein de fantaisie mais aussi emprunt de douleur ou de provocation, il a su prendre du recul vis-à-vis des formes habituelles de l'écriture, comme le prouve par exemple l'Écume des jours un roman daté de 1947 qui a été salué par Raymond Queneau comme le plus poignant des romans d'amour contemporains Dans ce passage situé à cheval sur les chapitres 31 et 32 du livre, nous assistons à la montée de l'angoisse de Colin. [...]
[...] Cette hâte se retrouve dans l'enchaînement de phrases courtes, parfois nominales. Il ne dit que l'essentiel par exemple: »Chloé, elle est malade« : Chloé étant le sujet/thème, elle est malade la proposition, il y a antéposition du thème ce qui crée un décalage du propos. Perte des repères Colin est très perturbé et le mélange des temps traduit ce grand trouble et la perte des repères temporels à partir de la ligne 36 on trouve à la fois l'impératif, le conditionnel présent, l'imparfait, le passé composé, et le présent. [...]
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