Victor Hugo, "Les Châtiments", "Le bord de la mer", Livre III, XV
Télécharger
Lire un extrait
Lecture
Résumé
Sommaire
Extraits
sur 8
Résumé du document
Commentaire composé niveau Lycée sur le quinzième poème du Livre III des Châtiments de Victor Hugo intitulé "Le bord de la mer".
Sommaire
Introduction
I) Un poème dialogué de forme théâtrale
A. Une présentation des personnages B. L'organisation du dialogue
II) Un procès et un verdict sans appel
A. L'accusé B. Les témoins C. Un verdict implacable mais des doutes
Conclusion
Poème étudié
harmodius La nuit vient. Vénus brille.
l'épée Harmodius ! c'est l'heure.
la borne du chemin Le tyran va passer.
harmodius J'ai froid, rentrons.
un tombeau Demeure.
harmodius Qu'es-tu ?
le tombeau Je suis la tombe. - Exécute ou péris.
un navire a l'horizon Je suis la tombe aussi, j 'emporte les proscrits.
l'épée Attendons le tyran.
harmodius J'ai froid. Quel vent !
le vent Je passe. Mon bruit est une voix. Je sème dans l'espace Les cris des exilés, de misère expirants, Qui sans pain, sans abri, sans amis, sans parents, Meurent en regardant du côté de la Grèce.
voix dans l'air Némésis ! Némésis ! lève-toi, vengeresse !
l'épée C'est l'heure. Profitons de l'ombre qui descend.
la terre Je suis pleine de morts.
la mer Je suis rouge de sang. Les fleuves m'ont porté des cadavres sans nombre.
la terre Les morts saignent pendant qu'on adore son ombre. À chaque pas qu'il fait sous le clair firmament Je les sens s'agiter en moi confusément.
un forçat Je suis forçat, voici la chaîne que je porte, Hélas ! pour n'avoir pas chassé loin de ma porte Un proscrit qui fuyait, noble et pur citoyen.
l'épée Ne frappe pas au coeur, tu ne trouverais rien.
la loi J'étais la loi, je suis un spectre. Il m'a tuée.
la justice De moi, prêtresse, il fait une prostituée.
les oiseaux Il a retiré l'air des cieux et nous fuyons.
la liberté Je m'enfuis avec eux - ô terre sans rayons, Grèce, adieu !
un voleur Ce tyran, nous l'aimons. Car ce maître Que respecte le juge et qu'admire le prêtre, Qu'on accueille partout de cris encourageants, Est plus pareil à nous qu'à vous, honnêtes gens.
le serment Dieux puissants ! à jamais, fermez toutes les bouches ! La confiance est morte au fond des coeurs farouches. Homme, tu mens ! Soleil, tu mens ! Cieux, vous mentez ! Soufflez, vents de la nuit ! emportez, emportez L'honneur et la vertu, cette sombre chimère !
la patrie Mon fils ! Je suis aux fers. Mon fils, je suis ta mère ! Je tends les bras vers toi du fond de ma prison.
harmodius Quoi ! le frapper, la nuit, rentrant dans sa maison ! Quoi ! devant ce ciel noir, devant ces mers sans borne ! Le poignarder, devant ce gouffre obscur et morne, En présence de l'ombre et de l'immensité !
la conscience Tu peux tuer cet homme avec tranquillité !
Introduction
I) Un poème dialogué de forme théâtrale
A. Une présentation des personnages B. L'organisation du dialogue
II) Un procès et un verdict sans appel
A. L'accusé B. Les témoins C. Un verdict implacable mais des doutes
Conclusion
Poème étudié
harmodius La nuit vient. Vénus brille.
l'épée Harmodius ! c'est l'heure.
la borne du chemin Le tyran va passer.
harmodius J'ai froid, rentrons.
un tombeau Demeure.
harmodius Qu'es-tu ?
le tombeau Je suis la tombe. - Exécute ou péris.
un navire a l'horizon Je suis la tombe aussi, j 'emporte les proscrits.
l'épée Attendons le tyran.
harmodius J'ai froid. Quel vent !
le vent Je passe. Mon bruit est une voix. Je sème dans l'espace Les cris des exilés, de misère expirants, Qui sans pain, sans abri, sans amis, sans parents, Meurent en regardant du côté de la Grèce.
voix dans l'air Némésis ! Némésis ! lève-toi, vengeresse !
l'épée C'est l'heure. Profitons de l'ombre qui descend.
la terre Je suis pleine de morts.
la mer Je suis rouge de sang. Les fleuves m'ont porté des cadavres sans nombre.
la terre Les morts saignent pendant qu'on adore son ombre. À chaque pas qu'il fait sous le clair firmament Je les sens s'agiter en moi confusément.
un forçat Je suis forçat, voici la chaîne que je porte, Hélas ! pour n'avoir pas chassé loin de ma porte Un proscrit qui fuyait, noble et pur citoyen.
l'épée Ne frappe pas au coeur, tu ne trouverais rien.
la loi J'étais la loi, je suis un spectre. Il m'a tuée.
la justice De moi, prêtresse, il fait une prostituée.
les oiseaux Il a retiré l'air des cieux et nous fuyons.
la liberté Je m'enfuis avec eux - ô terre sans rayons, Grèce, adieu !
un voleur Ce tyran, nous l'aimons. Car ce maître Que respecte le juge et qu'admire le prêtre, Qu'on accueille partout de cris encourageants, Est plus pareil à nous qu'à vous, honnêtes gens.
le serment Dieux puissants ! à jamais, fermez toutes les bouches ! La confiance est morte au fond des coeurs farouches. Homme, tu mens ! Soleil, tu mens ! Cieux, vous mentez ! Soufflez, vents de la nuit ! emportez, emportez L'honneur et la vertu, cette sombre chimère !
la patrie Mon fils ! Je suis aux fers. Mon fils, je suis ta mère ! Je tends les bras vers toi du fond de ma prison.
harmodius Quoi ! le frapper, la nuit, rentrant dans sa maison ! Quoi ! devant ce ciel noir, devant ces mers sans borne ! Le poignarder, devant ce gouffre obscur et morne, En présence de l'ombre et de l'immensité !
la conscience Tu peux tuer cet homme avec tranquillité !
Accédez gratuitement au plan de ce document en vous connectant.
Extraits
[...] On a la parole de la justice au vers 22 : antithèse entre prêtresse et prostituée renforcée par les sonorités et allitérations. Puis la liberté liée aux oiseaux qui disent : il a retiré l'air des cieux et nous fuyons donc la liberté n'existe plus, le pouvoir arbitraire supprime toutes les libertés. Au vers 24, il n'y a plus air ni lumière. Le serment renvoie à la disparition de la vérité, au triomphe du mensonge. Napoléon III est qualifié parjure (il ne respecte pas sa parole) : Homme tu mens : apostrophe qui s'adresse à Napoléon III. [...]
[...] Réponse : Je suis Les témoins déclinent leur identité (aux vers 34) avant de déposer plainte contre l'accusé. On est frappé par la simplicité de la syntaxe, les phrases sont simples, brèves, les témoins vont droit au fait (vers les phrases sont construites de la même façon : sujet, verbe d'état, attribut du sujet. Il y a absence de lien entre les phrases : asyndètes. Les témoignages eux-mêmes Les victimes humaines : les proscrits (réplique du navire à l'horizon vers 6). [...]
[...] D'abord à Bruxelles puis à Jersey où il conçoit le recueil vengeur : Les Châtiments Le premier titre prévu par HUGO était les Vengeresses puis Les Châtiments. Le Bord de la mer est un poème (numéro 15 du livre où HUGO amorce une réflexion sur le châtiment qu'il doit infliger au tyran Napoléon III. Il s'agit d'un dialogue (il y a trois autres poèmes dialogués) qui s'achève sur une réponse positive, le dernier vers étant : tu peux tuer cet homme avec tranquillité C'est un poème essentiel qui a pour thème le titre même du recueil. [...]
[...] Tout l'univers semble présent dans la scène. HUGO suggère ainsi une véritable tempête sous un crâne A travers la multiplicité de voix, Harmodius doit-il ou non tuer le tyran ? L'organisation du dialogue Il y a une progression du dialogue. Le début est très morcelé, chaque réplique correspond à un alexandrin ou un hémistiche ou une désarticulation qui a un rythme de six, quatre et deux. Donc on a un échange rapide jusqu'à la réplique du vent : une stichomythie. [...]
[...] C'est Harmodius qui est à l'initiative d'ouvrir et clore la scène. C'est un personnage emprunté à l'histoire antique, c'est le meurtrier d'un tyran appelé Hipparque. Grâce à ce meurtre il a été considéré comme un des grands martyrs de la liberté. Il y a une référence à la Grèce donnée à travers ces personnages. Dans le texte on retrouve le terme de tyran qui signifie maître absolu. D'autres éléments nous renvoient à la Grèce, au vers puis au vers 10 la divinité de la vengeance représentée sous forme d'une femme Elée armée de flambeau. [...]