Booz s'était couché de fatigue accablé ;
Il avait tout le jour travaillé dans son aire ;
Puis avait fait son lit à sa place ordinaire ;
Booz dormait auprès des boisseaux pleins de blé.
Ce vieillard possédait des champs de blés et d'orge ;
Il était, quoique riche, à la justice enclin ;
Il n'avait pas de fange en l'eau de son moulin ;
Il n'avait pas d'enfer dans le feu de sa forge.
Sa barbe était d'argent comme un ruisseau d'avril.
Sa gerbe n'était point avare ni haineuse ;
Quand il voyait passer quelque pauvre glaneuse :
« Laissez tomber exprès des épis, » disait-il.
Cet homme marchait pur loin des sentiers obliques,
Vêtu de probité candide et de lin blanc ;
Et, toujours du côté des pauvres ruisselant,
Ses sacs de grains semblaient des fontaines publiques.
Booz était bon maître et fidèle parent ;
Il était généreux, quoiqu'il fût économe ;
Les femmes regardaient Booz plus qu'un jeune homme,
Car le jeune homme est beau, mais le vieillard est grand.
Le vieillard, qui revient vers la source première,
Entre aux jours éternels et sort des jours changeants ;
Et l'on voit de la flamme aux yeux des jeunes gens,
Mais dans l'oeil du vieillard on voit de la lumière.
[...] ruisseau d'avril : mouvement. La sonorité avril insiste sur le brillant de l'argent. - Pas d'avarice, ni de haine, mais générosité : portrait de Booz physique comme moral. - Le temporel quand annonce un exemple de sa générosité : laissez tomber exprès les épis-disait-il : discours direct : sincérité et autorité de Booz. - cet homme : démonstratif reprend le vieillard mais avec une progression du vieillard à l'homme : suit l'idée du texte. - Antithèse entre oblique et pur, pluriel et singulier : indique la pureté de l'âme. [...]
[...] - Chiasme 23-24 : flamme : consume, lumière : éclaire. - Opposition sens propre/figuré, pluriel yeux »/singulier œil du vieillard : synecdoque. Conclusion : Ce poème suit la logique de la Légende des siècles car Hugo part d'un exemple, portrait d'un personnage biblique, pour aller vers une loi, règle de vie universelle dans le dernier quatrain. Il prépare surtout le miracle de l'union avec Ruth, de la souche de David et du Christ. C'est pour cela qu'il importe qu'il soit vertueux et plus séduisant qu'un jeune homme. [...]
[...] - vers 4 : retour au vers 1par la rime embrassée, par la reprise de Booz en tête de vers, rappel du sujet. - progression avec l'imparfait dormait progression temporelle et logique s'était couché dormait - strophe générale : symétrie de construction et reprise des éléments bibliques : le labeur accablant, le repos dans la simplicité, place ordinaire et l'abondance plein de blé : céréale à la base de l'alimentation et symbole d'humanité. - Imparfait de description : possédait il était il n'avait - Description apportant des détails : c'est un vieillard, au blé s'ajoute l'orge. [...]
[...] Booz était bon maître et fidèle parent ; Il était généreux, quoiqu'il fût économe ; Les femmes regardaient Booz plus qu'un jeune homme, Car le jeune homme est beau, mais le vieillard est grand. Le vieillard, qui revient vers la source première, Entre aux jours éternels et sort des jours changeants ; Et l'on voit de la flamme aux yeux des jeunes gens, Mais dans l'œil du vieillard on voit de la lumière. Explication : Introduction : - La légende des siècles : entre diégésis et mimésis mêle l'épique et le biblique : c'est une épopée à l'échelle universelle. [...]
[...] - Caractère biblique : inspiré du personnage de Booz dans le Livre de Ruth de la Bible. Booz : figure patriarcale, ancêtre de David dans la généalogie du Christ. - Il s'agit ici d'un portrait de Booz, vieillard, est donc d'un éloge de la vieillesse à travers une description physique et morale liant richesse, abondance, et simplicité de la vie, humilité, générosité. - Isolement du premier quatrain : sorte d'introduction, rappel des actions, et récit. - Les quatre quatrains suivants : portrait moral et physique, vieillesse et sagesse, beauté physique, beauté morale. [...]
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