Ce poème est extrait du livre 2, « d'Eve à Jésus ». Dans « aux Feuillantines », Hugo raconte combien il fut émerveillé, avec ses frères, par « Le livre de Ruth » : « Nous lûmes tous les trois ainsi, tout le matin, Joseph, Ruth et Booz ».
L'épisode biblique présente une idylle dont le cadre est le milieu paysan. Ruth, jeune moabite, se rend à Bethléem avec Noémie sa belle-mère. Alors qu'elle glane, elle rencontre Booz, qui rachète un champ de Noémie et l'épouse.
[...] Le poème va ainsi osciller entre une série de clins d'œil quant à la double évocation de cette descendance, et le caractère discret mais omniprésent, merveilleux et sublime du divin Première strophe A Premier vers La strophe s'ouvre sur un nom l'ombre qui nous plonge d'emblée dans une atmosphère mystérieuse et merveilleuse car il porte une ambivalence : il désigne la nuit et autre chose. L'idée est confirmée par adjectifs qui suivent. Les deux derniers ne font qu'appuyer le caractère majestueux et mystérieux du nom O A imposent rondeur qui occupe l'espace + sens des deux mots renvoient à religion + hiatus). Première version du poème L'ombre était nuptiale, heureuse perte du sentiment humain au profit de transcendance. Auguste amène à penser qu'il va se passer qqchose d'incroyable. Le premier adjectif précise malicieusement sa nature noce évoquée. [...]
[...] Péguy (Victor Marie, Comte Hugo) : De tous les noms hébreux que Hugo pouvait choisir pour couronner un vers, il faut avouer qu'il n'y en avait certainement aucun qui sonnât aussi bien, aussi veau que Jérimadeth, et surtout qui sonnât aussi hébreu Au-delà du calembour on peut donc évoquer le caractère typique du nom puisque des villes hébreux ont une graphie proche : Jérahméel, Jérimoth→ contribue à plonger lecteur dans monde merveilleux, de l'imaginaire, sans lieu justement, sans temps. B Deuxième vers On ne peut donc pas la localiser (même si Alberto Manguel l'a fait avec humour : Ville du Proche-Orient, de quatre pieds de long, célèbre pour son calme, la nuit. Son nom rime avec la troisième personne de l'imparfait des verbes du premier groupe. On ne possède aucune autre information sur cette ville cf. Dictionnaire des lieux imaginaires), elle est du domaine du divin, donc du ciel. [...]
[...] B Deuxième vers Qui est ce dieu ? C'est la question soulevée par le vers et dont le but est de faire de faire de ce dieu non celui d'Israël mais du monde. Quel dieu pas de majuscule échange Booz/Dieu, Dieu prend ses attributs et sa femme, Booz acquiert puissance divine (cf. Quand il voyait passer quelque pauvre glaneuse : - Laissez tomber exprès des épis, disait-il Le lecteur qui déchiffre analogie est pris au piège à la fin : discours du narrateur et celui de Ruth se confonde dans style indirect. [...]
[...] Hugo avait d'abord écrit : les anges y flottaient mais verbe bizarre attire attention. L'omniprésence divine prend forme dans une apparente discrétion que véhicule, par exemple, l'ambiguïté de l'adverbe dont l'aspect sémantique est en contradiction avec sa place Obscurément laisse peser un doute à celui qui voie : y'a-t-il présence divine ? levé par la position de l'adverbe en fin de vers au 19°s constitue une audace syntaxique (cf. Grammont). La nuance de sens est supplantée par le poids de sa trop grande présence : il y a jeu constant merveilleux diffusé subtilement. [...]
[...] Tt est ainsi pur. Pureté que l'on retrouve dans la couleur mentionnée, le bleu désignant la pureté chez les hébreux Strophe sensuelle, diffuse discrètement le mystérieux, révèle l'omniprésence divine par un jeu constant entre celui qui voie et ce qui est vu, entre ce qui est dit et le comment c'est dit. Un jeu qui va disparaître dans la seconde strophe mais dont l'élément dominant, l'ambiguïté, est présent Deuxième strophe A Premier et deuxième vers S'ouvre sur la respiration Diérèse : tout est concentré dans ce mot, il y a comme une tension qui va se déployer dans l'expiration, dans le deuxième vers, plus ample. [...]
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