Ce livre est la transcription d'une conférence-débat du 18 octobre 1999.
La question du bonheur est centrale à la philosophie, en ce sens que la philosophie a pour but la sagesse, et que la sagesse est le bonheur dans la lucidité. Ainsi, la philosophie servirait à être heureux.
André Comte-Sponville renoue avec la tradition des philosophes grecs pour qui cette question était essentielle.
[...] La sagesse est une pratique humaine : connaître la vérité pour agir bien. Le bonheur s'obtiendrait donc dans un certain rapport à la vérité. Il s'agit alors de penser non pas pour être heureux, mais de penser une idée parce qu'elle paraît vraie. En ce sens, le bonheur est le but de la philosophie, et la vérité en est sa norme. Bien évidemment, il est des illusions qui nous paraissent bien plus supportables, bien plus agréables que de désagréables vérités. [...]
[...] Pourquoi la sagesse est-elle nécessaire ? Elle est nécessaire car l'homme est mortel, et qu'il n'est pas heureux. S'il était immortel, il se donnerait le temps, s'il était heureux, il accepterait l'idée de la mort. C'est dans cet état d'insatisfaction que nous recherchons le bonheur. Pourquoi ne sommes nous pas heureux ? Parfois, la mort, la maladie, la souffrance, la guerre . nous rendent malheureux, et la plus grande urgence n'est pas alors de philosopher, mais de réparer, de guérir, de reconstruire. [...]
[...] André Comte-Sponville nous explicite cela par un exemple. Vous désirez une femme (ou un homme), vous faîtes l'amour avec elle. Ce n'est pas pour autant que vous vous dites : Ca y est, je l'ai eu, je ne la désire plus, je m'ennuie déjà Le bonheur en acte Il semble en fait que les philosophes, selon l'auteur aient confondu désir et espérance. Je m'explique : vous-même, vous êtes assis ici à écouter cet exposé, parce que vous le désirez, et non pas parce que vous l'espérez. [...]
[...] Pourquoi le bonheur est-il un manque ? Le désir semble en être l'une des raisons : Le bonheur est, selon Aristote, le désirable absolu. Et enfin, parce qu'il semble, qu'être heureux, c'est obtenir ce que l'on désire. De Platon à Sartre, le désir est toujours associé à la notion de manque. Sartre : l'homme est fondamentalement désir d'être, et le désir est manque On désire donc ce que l'on n'a pas. Comment effectivement, désirer ce que l'on possède déjà ? [...]
[...] Le degré zéro de l'espérance. Le sage, est celui donc, comme nous l'avons vu précédemment, qui trouve le bonheur dans la vérité, mais aussi et surtout celui qui n'attend rien, n'espère rien (et de fait ne souffre pas du manque) Et parce que rien ne lui manque, il peut être heureux. Libéré de l'espérance, il l'est nécessairement de la crainte. Le désespoir est donc ce qui nous permettrait d'être heureux. Nombre d'auteurs l'ont déjà exprimé. Chamfort : Le bonheur n'a commencé que lorsque j'ai perdu l'espérance On trouve également dans le Mahâbhârata cette phrase : Seul est heureux celui qui a perdu tout espoir, car l'espoir est la plus grande torture qui soit, et le désespoir le plus grand bonheur Ce désespoir là n'est pas le summum de la tristesse, c'est ce que André Comte-Sponville appelle le gai désespoir de celui qui est comblé car il n'espère rien. [...]
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