Le cadre spatio-temporel est assez détaillé, ce qui est logique pour une ouverture de roman. L'action se situe en automne, une "journée d'octobre", et le matin : "Huit heures sonnaient à Saint-Roch". Les personnages effectuent le trajet entre la gare Saint-Lazare et la rue de la Michodière, là où réside leur oncle, "à pied". Le cadre de ce roman est donc réaliste, avec l'emploi de nombreux noms propres, et les personnages sont proches de leur destination, "sur la Place Gaillon", sur laquelle débouche la rue de la Michodière, dans le deuxième arrondissement de Paris (...)
[...] Huit heures sonnaient à l'église Saint-Roch, il n'y avait sur les trottoirs que le Paris matinal, les employés filant à leurs bureaux et les ménagères courant les boutiques. Devant la porte, deux commis, montés sur une échelle double, finissaient de pendre des lainages, tandis que, dans une vitrine de la rue Neuve-Saint- Augustin, un autre commis, agenouillé et le dos tourné, plissait délicatement une pièce de soie bleue. Le magasin, vide encore de clientes, et où le personnel arrivait à peine, bourdonnait à l'intérieur comme une ruche qui s'éveille. - Fichtre! dit Jean. Ca enfonce Valognes . [...]
[...] Conclusion : Cette première page de ce roman d'Émile Zola présente donc une situation originale et attrayante, avec une variété des discours et la mise en relief du principal motif, ce magasin immense, symbole d'un monde nouveau que l'auteur va analyser. Nul doute en effet que ce colosse va bouleverser l'économie traditionnelle de ce quartier de Paris, et la vie de ses habitants, y compris celle de ces étrangers qui viennent s'installer. Pour l'auteur, il s'agit d'étudier les conséquences de l'arrivée du grand capitalisme. C e texte et ce roman gardent finalement, encore aujourd'hui, une évidente actualité. [...]
[...] Fichtre marquent leur stupéfaction et leur enthousiasme. Les jeunes gens font le parallèle entre l'avant et leur situation du moment, et le constat est sans rémission. Denise a déjà travaillé dans un magasin, à Valognes, mais Le Bonheur enfonce Valognes selon l'expression familière et métaphorique de Jean, qui ajoute : Le tien n'était pas si beau. Les sensations visuelles sont nombreuses et les regards oscillent de l'extérieur le nez levé sur les maisons à l'intérieur dans une vitrine de bas les trottoirs en haut de gauche à droite ils ne savent plus où poser leurs yeux depuis l'injonction initiale de Denise à son frère : . [...]
[...] Bien qu'il s'agisse des membres d'une même famille, les personnages sont assez contrastés. L'aînée est chétive mais c'est elle qui porte le paquet elle protège le petit frère qui ne dit rien. Jean, un bel adolescent semble beaucoup plus enjoué et en pleine santé, comme le soulignent la métaphore : dont les seize ans superbes florissaient et l'expression grand frère L'auteur met en évidence leur singularité en présentant d'autres personnages qui font l'agitation du Paris matinal Cette métonymie souligne le début de l'activité économique : les employés filant à leurs bureaux et les ménagères courant les boutiques avec l'emploi de beaucoup de verbes d'action ou de mouvement, tandis qu'eux trois sont plantés hyperbole péjorative qui traduit aussi leur stupeur. [...]
[...] Emile Zola, Au Bonheur des dames (1883), incipit. Commentaire composé. Texte : Un colosse séduisant Denise était venue à pied de la gare Saint-Lazare, où un train de Cherbourg l'avait débarquée avec ses deux frères, après une nuit passée sur la dure banquette d'un wagon de troisième classe. Elle tenait par la main Pépé, et Jean la suivait, tous les trois brisés du voyage, effarés et perdus au milieu du vaste Paris, le nez levé sur les maisons, demandant à chaque carrefour la rue de la Michodière, dans laquelle leur oncle Baudu demeurait. [...]
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