Nicolas Boileau, "Art poétique", "Chant I" : explication de texte
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Structure argumentative
a) La langue à adopter - Utilise le champ lexical du religieux pour mettre l'accent sur la beauté de la langue à adopter "révérées" v.1, "sacrée" v.2. - Il dénonce les impropriétés de la langue "barbarisme" v.5, "solécisme" v.6 qui est mis à la rime et hyperbolique. - Emploi d'adjectifs péjoratifs : "pompeux" v.5, "ampoulé" v.6, "orgueilleux" v.6. (...)
Sommaire
Introduction
I) Structure argumentative
A. La langue à adopter B. Les règles à observer
II) L'engagement de l'auteur
A. Premier conseil : il faut que l'oeuvre soit équilibrée B. Deuxième conseil : capacité de porter un regard critique sur sa propre production C. Troisième conseil : choisir ses conseillers
III) Implication de l'auteur
A. Une énonciation forte B. Sa conception littéraire
Conclusion
Texte étudié
Surtout qu'en vos écrits la langue révérée Dans vos plus grands excès vous soit toujours sacrée. En vain vous me frappez d'un son mélodieux, Si le terme est impropre ou le tour vicieux : Mon esprit n'admet point un pompeux barbarisme Ni d'un vers ampoulé l'orgueilleux solécisme . Sans la langue, en un mot, l'auteur le plus divin Est toujours, quoi qu'il fasse un méchant écrivain. Travaillez à loisir, quelque ordre qui vous presse, Et ne vous piquez point d'une folle vitesse : Un style si rapide, et qui court en rimant, Marque moins trop d'esprit que peu de jugement. J'aime mieux un ruisseau qui, sur la molle arène, Dans un pré plein de fleurs lentement se promène, Qu'un torrent débordé qui, d'un cours orageux, Roule, plein de gravier sur un terrain fangeux Hâtez-vous lentement, et, sans perdre courage, Vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage ; Polissez-le sans cesse et le repolissez ; Ajoutez quelquefois, et souvent effacez. C'est peu qu'en un ouvrage où les fautes fourmillent, Des traits d'esprit semés de temps en temps pétillent : II faut que chaque chose y soit mise en son lieu ; Que le début, la fin, répondent au milieu ; Que d'un art délicat les pièces assorties N'y forment qu'un seul tout de diverses parties : Que jamais du sujet le discours s'écartant N'aille chercher trop loin quelque mot éclatant. Craignez-vous pour vos vers la censure publique ? Soyez-vous à vous-même un sévère critique. L'ignorance toujours est prête à s'admirer. Faites vous des amis prompts à vous censurer ; Et de tous vos défauts les zélés adversaires. Dépouillez devant eux l'arrogance d'auteur ; Mais sachez de l'ami discerner le flatteur : Tel vous semble applaudir, qui vous raille et vous joue. Aimez qu'on vous conseille et non pas qu'on vous loue. Un flatteur aussitôt cherche à se récrier : Chaque vers qu'il entend le fait extasier. Tout est charmant, divin : aucun mot ne le blesse ; Il trépigne de joie, il pleure de tendresse ; Il vous comble partout d'éloges fastueux ; La vérité n'a point cet air impétueux.
Introduction
I) Structure argumentative
A. La langue à adopter B. Les règles à observer
II) L'engagement de l'auteur
A. Premier conseil : il faut que l'oeuvre soit équilibrée B. Deuxième conseil : capacité de porter un regard critique sur sa propre production C. Troisième conseil : choisir ses conseillers
III) Implication de l'auteur
A. Une énonciation forte B. Sa conception littéraire
Conclusion
Texte étudié
Surtout qu'en vos écrits la langue révérée Dans vos plus grands excès vous soit toujours sacrée. En vain vous me frappez d'un son mélodieux, Si le terme est impropre ou le tour vicieux : Mon esprit n'admet point un pompeux barbarisme Ni d'un vers ampoulé l'orgueilleux solécisme . Sans la langue, en un mot, l'auteur le plus divin Est toujours, quoi qu'il fasse un méchant écrivain. Travaillez à loisir, quelque ordre qui vous presse, Et ne vous piquez point d'une folle vitesse : Un style si rapide, et qui court en rimant, Marque moins trop d'esprit que peu de jugement. J'aime mieux un ruisseau qui, sur la molle arène, Dans un pré plein de fleurs lentement se promène, Qu'un torrent débordé qui, d'un cours orageux, Roule, plein de gravier sur un terrain fangeux Hâtez-vous lentement, et, sans perdre courage, Vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage ; Polissez-le sans cesse et le repolissez ; Ajoutez quelquefois, et souvent effacez. C'est peu qu'en un ouvrage où les fautes fourmillent, Des traits d'esprit semés de temps en temps pétillent : II faut que chaque chose y soit mise en son lieu ; Que le début, la fin, répondent au milieu ; Que d'un art délicat les pièces assorties N'y forment qu'un seul tout de diverses parties : Que jamais du sujet le discours s'écartant N'aille chercher trop loin quelque mot éclatant. Craignez-vous pour vos vers la censure publique ? Soyez-vous à vous-même un sévère critique. L'ignorance toujours est prête à s'admirer. Faites vous des amis prompts à vous censurer ; Et de tous vos défauts les zélés adversaires. Dépouillez devant eux l'arrogance d'auteur ; Mais sachez de l'ami discerner le flatteur : Tel vous semble applaudir, qui vous raille et vous joue. Aimez qu'on vous conseille et non pas qu'on vous loue. Un flatteur aussitôt cherche à se récrier : Chaque vers qu'il entend le fait extasier. Tout est charmant, divin : aucun mot ne le blesse ; Il trépigne de joie, il pleure de tendresse ; Il vous comble partout d'éloges fastueux ; La vérité n'a point cet air impétueux.
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Extraits
[...] Commentaire de texte (type oral bac) Nicolas Boileau (1636-1711), Art Poétique (1674), Chant I Surtout qu'en vos écrits la langue révérée Dans vos plus grands excès vous soit toujours sacrée. En vain vous me frappez d'un son mélodieux, Si le terme est impropre ou le tour vicieux : Mon esprit n'admet point un pompeux barbarisme Ni d'un vers ampoulé l'orgueilleux solécisme[1]. Sans la langue, en un mot, l'auteur le plus divin Est toujours, quoi qu'il fasse un méchant écrivain. Travaillez à loisir, quelque ordre qui vous presse, Et ne vous piquez point d'une folle vitesse : Un style si rapide, et qui court en rimant, Marque moins trop d'esprit que peu de jugement. [...]
[...] D'abord par la rigueur à l'écrit puis par la présentation des conseils et enfin par l'engagement de l'auteur. I. Structure argumentative La langue à adopter - Utilise le champ lexical du religieux pour mettre l'accent sur la beauté de la langue à adopter révérées sacrée »v.2 - Il dénonce les impropriétés de la langue barbarisme solécisme »v.6 qui est mis à la rime et hyperbolique - Emploi d'adjectifs péjoratifs : pompeux ampoulé orgueilleux »v.6 Les règles à observer - Il faut être concis, la qualité est soulignée par le chiasme v.20 ajoutez quelques fois, et souvent effacez - Souligne aussi l'allure de l'écriture qui doit être fluide, sans accros, utilisation de la métaphore filée v.13 à 15 avec l'opposition entre le champ lexical de la douceur de la fluidité molle »v.13, se promène »v.14 et le champ lexical de la confusion torrent débordé »v.15, orageux »v.16, terrain fangeux »v.16 cela souligne quel doit être le rythme de la poésie ; qui est aussi traduite par le champ lexical de l'eau qui oscille entre ruisseaux »v.13, torrent »v.15 - L'allure est aussi soulignée par l'oxymore v.17 «Hâtez vous lentement il faut à la fois travailler vite mais ne pas se précipiter pour arriver à une forme parfaite. [...]
[...] Le poème Chant I extrait d'Art poétique est donc un idéal classique codifié, où Boileau donne des conseils généraux aux futurs écrivains à travers un poème dans lequel il s'engage fortement. barbarisme solécisme : incorrections. [...]
[...] C'est peu qu'en un ouvrage où les fautes fourmillent, Des traits d'esprit semés de temps en temps pétillent : II faut que chaque chose y soit mise en son lieu ; Que le début, la fin, répondent au milieu ; Que d'un art délicat les pièces assorties N'y forment qu'un seul tout de diverses parties : Que jamais du sujet le discours s'écartant N'aille chercher trop loin quelque mot éclatant. Craignez-vous pour vos vers la censure publique ? Soyez-vous à vous-même un sévère critique. L'ignorance toujours est prête à s'admirer. Faites vous des amis prompts à vous censurer ; Et de tous vos défauts les zélés adversaires. [...]
[...] Un flatteur aussitôt cherche à se récrier : Chaque vers qu'il entend le fait extasier. Tout est charmant, divin : aucun mot ne le blesse ; Il trépigne de joie, il pleure de tendresse ; Il vous comble partout d'éloges fastueux ; La vérité n'a point cet air impétueux Chant I extrait d'Art poétique de Nicolas Boileau paru en 1674 est un poème où l'auteur nous donne sa vision d'un écrit idéal et propose des conseils au futur poète. Nous verrons ici comment l'auteur présente un idéal classique codifié. [...]