Romantique attardé ? Parnassien ? Le seul poète réaliste du XIXe siècle ? Un « symboliste » avant la lettre ? Le premier « surréaliste » ? Baudelaire est tout cela à la fois, si l'on veut ; mais surtout, il défie les écoles poétiques et les classements tant il occupe une place à part dans son époque et dans la littérature de tous les temps. La souffrance qu'il épanche dans ses poèmes est bien une sorte de « mal du siècle », le « spleen », mais il l'exprime sous une forme si originale et si hardie qu'on n'en trouverait nulle part ailleurs l'équivalent.
[...] L'enfance révoltée (1821-1841) : né à Paris d'un père âgé, il le perd très tôt et souffre du remariage de sa mère avec le commandant (et futur général) Aupick qu'il déteste. C'est un enfant solitaire, mélancolique et jaloux, qui fait sans enthousiasme ses études au lycée Louis-le-Grand, interne rongeant son frein, déjà dégoûté par la société Bohème et exotisme (1841-1844) : Bachelier, il mène une vie de bohème, grâce à l'héritage paternel. Son beau- père s'inquiète, et, pour changer son existence, l'envoie aux Indes en 1841. Baudelaire ne va pas jusqu'au bout de son voyage, mais s'arrête à l'île Maurice et à La Réunion. [...]
[...] De l'usage du symbole soit que le poète l'explique, à la manière des romantiques L'Albatros soit que, déjà à la manière des symbolistes, il nous fasse pénétrer dans le monde de l'universelle analogie et le temple de la Nature Correspondances D'une sorcellerie évocatoire qui utilise systématiquement les rythmes L'Invitation au voyage les reprises de vers ou de mots Réversibilité Harmonie du soir les rimes et les assonances, les allitérations De la prose poétique dans les Petits poèmes en prose. Le genre n'est pas tout à fait nouveau. Aloysius Bertrand (1807-1841) avait laissé, après sa mort, un recueil finement ciselé à la manière des graveurs, Gaspard de la Vint (1842), qui a éveillé ce goût du petit poème en prose chez Baudelaire. Maurice de Guérin (1810-1839) l'avait développé en méditations amples et harmonieuses (Le Centaure, La Bacchante). [...]
[...] Il est bien ce flâneur, dont il parle dans sa grande étude sur le peintre de la vie moderne, Constantin Guys, qui voyage à travers le grand désert d'hommes pour chercher la modernité dégager de la mode ce qu'elle peut contenir de poétique dans l'historique, tirer l'éternel du transitoire Tête-à-tête sombre et limpide Qu'un cœur devenu son miroir ! L'Irrémédiable dans Les Fleurs du Mal) La plus grande gloire de Baudelaire est sans doute d'avoir engendré quelques très grands poètes. Ni Verlaine, ni Mallarmé, ni Rimbaud n'eussent été ce qu'ils furent sans la lecture qu'ils firent des Fleurs du mal à l'âge décisif [ . ] Tandis que Verlaine et Rimbaud ont continué Baudelaire dans l'ordre du sentiment et de la sensation. Mallarmé l'a prolongé dans le domaine de la perfection et de la pureté poétique. [...]
[...] Frappé d'une attaque d'hémiplégie en 1866, au cours d'une tournée de conférences en Belgique, il est transporté à Paris, aphasique. Il y meurt l'année suivante. II. Un nouveau mal du siècle Les Fleurs du Mal et les Petits poèmes en prose (inachevés, qui se seraient peut-être intitulés Le Spleen de Paris) font revivre un curieux et désolant drame intérieur. Dans ce livre atroce écrit Baudelaire à propos du premier de ces recueils, j'ai mis toute ma pensée, tout mon cœur, toute ma haine et dans le second, la pièce intitulée À une heure du matin nous le montre mécontent de tous et mécontent de (lui-même) cherchant à racheter et à (s')enorgueillir un peu dans le silence et la solitude de la nuit Mettant son cœur à nu il évoque tour à tour ses espoirs et ses déboires familiaux, ses amours et ses désillusions, ses angoisses et ses souffrances, ses refuges, ses aspirations et les ombres croissantes de la vieillesse précoce et de la mort. [...]
[...] (La Mort des Pauvres) Seul le grand voyage vers le gouffre de la mort Enfer ou Ciel, qu'importe pourra apaiser la hantise de l'Idéal et de l'Infini Le Voyage poème de 1859 placé à la fin du recueil en 1861). III. Une forme hardie et nouvelle La langue de Baudelaire est généralement simple et sa métrique rigoureuse (il utilise fréquemment l'alexandrin et le sonnet). Son originalité vient : 1. De la nouveauté des images : À te voir marcher en cadence Belle d'abandon, On dirait un serpent qui danse Au bout d'un bâton. [...]
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