Né à Saint-Sauveur-le-Vicomte, en Normandie, dans une famille repliée sur la nostalgie de l'Ancien Régime, Jules Barbey d'Aurevilly connaît une enfance austère. À Caen, où il s'inscrit en 1829 pour des études de droit, il s'éloigne de sa famille, et il se lie d'amitié avec le libraire Trébutien. L'autre grande amitié de sa vie est Guérin, qu'il a connu à Paris au collège Stanislas. Il fait aussi l'expérience de l'amour avec Louise, l'épouse d'un de ses cousins. C'est la première des passions parfois violentes qu'il vivra et dont la moindre n'est pas sa « maîtresse rousse », l'alcool.
[...] À en croire l'auteur, c'est le Diable qui lui aurait dicté ces histoires. Et toutes les héroïnes sont diaboliques. Il n'y en a pas une seule à qui on puisse dire le mot de ange” sans exagérer écrit-il dans la préface. Comme le Diable qui était un ange aussi, mais qui a culbuté, si elles sont des anges encore, c'est la tête en bas, le reste . en haut ! L'ennemi de Barbey, Pontmartin, n'avait pas tout à fait tort de suggérer qu'il avait tellement grossi la part du Diable qu'il n'en reste plus pour le Bon Dieu. [...]
[...] Le rideau cramoisi : Alberte se donne avec frénésie au sous-lieu tenant de Brassard et meurt en faisant l'amour avec lui Le plus bel amour de Don Juan : une très jeune fille croit être enceinte des œuvres de l'amant de sa mère parce qu'elle s'est assise sur un fauteuil qu'il venait de quitter Le bonheur dans le crime : Hauteclaire Stassin empoisonne l'épouse du comte Serlon de Savigny, dont elle est la maîtresse ; le crime restera impuni Le dessous de cartes d'une partie de whist : une mère tue sa fille qu'elle soupçonne d'avoir le même amant qu'elle À un dîner d'athées : l'épouvantable vengeance qu'un major de l'armée d'Espagne tire de sa maîtresse, qui se donnait à tout le régiment La vengeance d'une femme : accusée à tort d'adultère, la duchesse de Sierra Leone se fait prostituée à Paris pour punir son mari, qui avait livré aux chiens le cadavre de celui qu'il avait soupçonné. Chaque récit intervient à l'occasion de conversations, et la personnalité de chaque narrateur a beaucoup d'importance. C'est d'ailleurs à l'époque romantique que sont censées s'être passées les histoires qui sont racontées. Barbey reprend les traditions de la littérature frénétique. [...]
[...] Un romancier du surnaturel Dès 1849, il a rêvé d'un vaste ensemble romanesque intitulé L'Ouest qui, après Les Chouans de Balzac, serait comme La Comédie humaine d'une région où les passions se sont déchaînées, surtout à l'époque de la Révolution française. Les romans de Barbey sont des fragments de ce projet inabouti. Mais c'est les réduire considérable ment que de les considérer comme l'œuvre d'un Walter Scott normand Le plus souvent, des sujets scabreux (une femme amoureuse d'un prêtre, un capucin qui viole une jeune fille somnambule) permettent de rendre sensible la puissance du surnaturel satanique dans le monde réel. Barbey pourrait alors être considéré comme l'équivalent français des romanciers gothiques anglais, en particulier de Lewis, l'auteur du Moine. [...]
[...] Une biographie de Barbey d'Aurevilly (1808-1889) : Le connétable des lettres I. Le connétable des lettres M. Barbey d'Aurevilly est une superbe sans ambition et sans timidité qui, d'un geste bienveillant de sa cravache armoriée, écarte de lui bourgeois et princes : Léon Bloy est l'auteur de ce portrait, qui attire l'attention sur une personnalité forte d'homme et d'écrivain. II. Un homme de passion Né à Saint-Sauveur-le-Vicomte, en Normandie, dans une famille repliée sur la nostalgie de l'Ancien Régime, Jules Barbey d'Aurevilly connaît une enfance austère. [...]
[...] À la période du dandysme (1838-1846) succède, sous l'influence de la baronne de Maistre, puis de l'ange blanc la baronne Rafin de Bouglon, celle du catholicisme flamboyant et militant, du monarchisme aussi, même si Barbey, par résignation, se fait après le coup d'État le défenseur de l'Empire autoritaire. En 1856, il renoue avec sa famille, avec la Normandie, dont il va devenir le romancier. Les polémiques se multiplient autour de ses œuvres littéraires et de ses très nombreux articles de journaliste. Du moins le connétable des lettres est-il après 1874 entouré de l'admiration des jeunes gens. Il bénéficie aussi de l'affection de Louise Read, sa compagne et sa secrétaire depuis 1879. Il est alors le vieil écrivain admiré et adulé, vilipendé aussi par ses adversaires. III. [...]
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