Pour commencer, le sonnet propose un panorama des ruines de Rome. Cette vision est d'abord une imagination de la gloire passée : elle évoque les architectures romaines ("palais" v.3, "arcs", "thermes", "temples" v.4) orientés autour d'un axe vertical.
En effet, cette grandeur s'élève jusqu'à menacer "les cieux" (v.2), et l'auteur fait rimer cette dernière expression avec la diérèse finale de "monts audacieux" pour insister sur la hauteur monumentale des constructions (...)
[...] La progression temporelle Par conséquent, la volta du sonnet introduit à retour au présent marqué par l'adverbe après (v.9). Ce terme est lié à l'impératif regarde qui fait écho à l'indicatif deuxième personne contemples de la même façon que l'indicatif deuxième personne jugeras (v.12) fait écho à l'impératif juge (v.5). Cette structuration cyclique des temps de la déploration, accompagnée de la double intervention de l'adverbe encore (v.9 et prolonge la temporalité du poème dans le sens du futur, d'autant plus que les deux impératifs incitent à ne pas rester dans la contemplation passive. [...]
[...] III UNE LEÇON À TIRER DU PASSE Sur le passage du temps En embrassant ainsi tous les temps et deux conceptions de l'espace (glorieux et ruiné), le poète parvient à une réflexion plus générale. En effet, la thématique de la fuite du temps est filée tout au long du sonnet par un va-et-vient entre le passé de ce que le temps a détruit et le présent de la déploration, comme par exemple dès les vers 1 et 2 avec contemples et menassoit Ceci induit la vanité des œuvres humaines matérielles corruptibles réduites à des fragmens (v.8) et de pouldreuses ruines (v.14). [...]
[...] Pourtant, ce poème mêle des verbes au passé, au présent et au futur contemples menassoit jugeras Quels sont donc les enjeux de cette déploration qui ne semble pas se limiter à un regret du passé ? Nous verrons comment la contemplation d'un espace en ruines passe par une structuration temporelle complexe pour être amenée à une leçon tirée du passé. I LA CONTEMPLATION D'UN ESPACE EN RUINES Une vision de la grandeur antique Pour commencer, le sonnet propose un panorama des ruines de Rome. Cette vision est d'abord une imagination de la gloire passée : elle évoque les architectures romaines palais v.3, arcs thermes temples v.4) orientés autour d'un axe vertical. [...]
[...] Le triste spectacle des ruines Toutefois, le poème oppose très vite à cette vision valorisante une dépréciation des ruines. Au vers l'adjectif qualificatif ample évoque la totalité de la destruction autour d'un axe horizontal : la largeur du spectacle des ruines contraste avec la grandeur du passé. Cette idée est renforcée par l'allitération de sons durs r t rythmant l'accumulation du vers qui rappelle que rien ne reste de l'harmonie de Rome. Le regard ne sait que suivre dans l'hypotypose de ruines informes présentée par l'abondance du déictique ces (v.3-4 et 8). [...]
[...] CONCLUSION En conclusion, nous pouvons affirmer que ce sonnet est représentatif de l'optique du recueil, car il part de la déploration devant le spectacle des ruines pour traiter des thématiques plus générales sur le passage du temps et la portée de l'œuvre humaine. Il fait aussi montre d'une grande richesse de procédés d'écriture, tout en respectant de strictes contraintes formelles, comme selon l'héritage des Grands Rhétoriqueurs. Selon une hypothèse de Paul Zumthor, cette virtuosité formelle pourrait servir à compenser un contexte d'écriture instable marqué par des guerres encore proches. [...]
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