Le théâtre au XXème siècle cherche de nouvelles voies, tout en se nourrissant de la tradition dramatique. Ainsi le théâtre de Beckett, qui met à mal la parole et consacre l'impossibilité de la communication, de la solidarité humaine, met en scène des personnages dans lesquels le spectateur reconnaît les "types" traditionnels, mais distordus et grimaçants, placés dans une atmosphère étrange de stagnation dans le temps et dans l'espace, dans l'absurdité.
Dans En attendant Godot, Beckett met en scène le couple bien connu du maître et du serviteur, non pas comme pilier de sa pièce, mais comme couple de passage sur un plateau désespérément vide et avide d'action, de distraction (...)
[...] De maître, il est devenu, en l'espace de quelques répliques, la victime d'un personnage qui pourtant n'a rien dit ni rien fait 3. Un monde de cruauté et de violence L'absurdité de la condition humaine Enfin, les rapports entre les personnages –faits de violence et de cruauté- et l'image que cette scène donne de l'humanité déconcertent le public Trois d'entre eux s'expriment avec le langage, mais le quatrième –Lucky- ne semble pas appartenir à leur monde, puisqu'il ne s'exprime que par gestes, comme un animal, et qu'il ne répond qu'à des ordres élémentaires. [...]
[...] peu importe dit-il ; autant ne rien dire 2. Malaise croissant ensuite Cette étrangeté se transforme peu à peu en malaise. En toile de fond, il y a cette attente –inexpliquée- de la nuit (est-elle à prendre au sens propre ou au sens figuré de ténèbres L'interrogation de Vladimir est une interrogation rhétorique et doit être dite dans un soupir) et son attente sont empreintes d'angoisse ; curieusement la nuit semble espérée, comme si elle devait apporter la délivrance (on note le donc pressant). [...]
[...] Cette caractéristique se trouve dans le théâtre de la cruauté de Beckett poussée à l'extrême : Lucky ressemble à une bête de foire qu'on exhibe et qui intrigue le spectateur. La première réplique de Pozzo, sous forme d'une devinette propre à souligner l'étrangeté de l'être bizarre qui l'accompagne, tourne autour de Lui curiosité vers laquelle Pozzo, d'un doigt à la fois menaçant et accusateur, attire tous les regards, ceux des autres personnages, mais du public aussi. Le rapprochement avec un bouffon (l. [...]
[...] Mais l'origine de ces reproches reste mystérieuse Un pacte secret semble lier les deux hommes. A moins qu'il ne s'agisse là que de la représentation dramatique et symbolique de l'ingratitude de tout adolescent qui doit tuer le père du fameux et inévitable conflit des générations sur lequel se construit un individu Le monde renversé Lucky a donc, malgré son mutisme et son apparente soumission (physique du moins), des pouvoirs sur son maître supérieurs à ceux de son maître sur lui, puisque Pozzo, au début de la scène si arrogant, est brisé et hors de lui, au sens propre. [...]
[...] ; les didascalies mentionnent à deux reprises le ciel avec ce qu'il comporte d'infini et de mystère, comme le suggère l'expression interroger le ciel Où se déroule la scène ? On ne le sait pas ; il y a bien une indication spatiale, mais son imprécision annule toute sa valeur : Vous n'êtes pas d'ici ? lance Pozzo. Les notations temporelles qui, semblent vouloir dater la scène, sont vides de sens. Il est bien question de autrefois de maintenant mais le point de repère manque Le temps reste dans une imprécision curieuse : Etes-vous seulement du siècle ? [...]
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