Âgé de 47 ans au début de l'intrigue, Saccard est d'abord conçu comme une illustration de cette vision, un type qui doit servir à dénoncer l'affairisme contemporain, les fortunes nées en une nuit, comme des végétations honteuses et emportées le lendemain par la furie du luxe. Il est atteint par une maladie qui est celle du régime impérial. Zola fait de Saccard le type des aventuriers dont l'Empire a lâché les appétits contenus depuis des années. Homme emporté par l'idée fixe de faire fortune, enjambant tous les obstacles, allant droit au but.
Aristide Saccard, c'est d'abord un nom. Zola insiste par deux fois sur le sens de l'assemblage des deux syllabes Saccard, "deux syllabes sèches" qui ont sonné aux oreilles de Renée, "les premières fois, avec la brutalité de deux râteaux ramassant de l'or". Il fait choisir son nom par Aristide lui-même dans une scène prémonitoire (...)
[...] Les deux fois, il se donne en spectacle, principal personnage d'un grand show de l'or et de la chair. Il est plus préoccupé de plaisirs que de choses sérieuses. Celles-ci, d'ailleurs, sont tournées en dérision. La guerre du Mexique, les «points noirs» qui s'accumulent à l'horizon politique deviennent des figures de cotillon. Il n'y a plus de père ni de mère. Après son veuvage, un des premiers actes de Saccard est de se débarrasser de Clotilde et s'il rappelle Maxime, c'est parce qu'il songe qu'un fils de cet âge le poserait. [...]
[...] Elle va souper au café Riche comme Laure, Marguerite, Paquita, Louise, Renée . Tiens, il y en a une qui se nomme comme moi Les lieux sont interchangeables. Dans l'hôtel de Blanche Muller, comme dans l'appartement de Laure, comme dans celui de la rue de Rivoli ou dans l'hôtel Saccard, flotte l'odeur du bal Mabille, célèbre pour ses odeurs de french cancan. Blanche Muller comme les Saccard, donne un bal. Des deux côtés, on s'y déhanche sur des airs célèbres. [...]
[...] Les courtisanes se conduisent comme des dames du vrai monde, celles-ci les imitent. Chez Blanche Muller, Renée se croyait dans son salon, par moments lorsqu'elle se trouvait en face d'un groupe d'habits noirs souriants, qui, la veille, avaient, chez elle, le même sourire, en parlant à la marquise d'Espanet ou à la blonde Mme Haffner. Et lorsqu'elle regardait les femmes, l'illusion ne cessait pas complètement. Laure d'Aurigny était en jaune comme Suzanne Haffner, et Blanche Muller avait, comme Adeline d'Espanet, une robe blanche qui la décolletait jusqu'au milieu du dos. [...]
[...] Angèle s'oppose aussi à Renée par son origine sociale, son caractère et son physique. Angèle sert à dénoncer les appétits violents de Saccard et son ascension sociale. Le couple et l'existence miséreuse que Saccard vit à ses côtés à son arrivée à Paris, sert de point de référence pour montrer l'ascension sociale de Saccard. Outre ce rôle da ns la caractérisation de Saccard, Clotilde et Angèle sont les personnages pivots d'une scène mélodramatique : la petite fille assiste à l'agonie de sa mère. [...]
[...] Becker Colette, Connaissance de l'œuvre La Curée Saccard C'est de lui que Zola part, c'est autour de lui que le récit s'organise. Il est derrière toutes les intrigues, principales et secondaires. Comme organisateur : il détermine les étapes de la vie de Renée et de Maxime. Comme modèle et complice : à côté de l'histoire de ses spéculations se développent les histoires de Larsonneau, des Michelin, Laure d'Aurigny, de M. de Mareuil, autant de micro-récits qui reprennent en écho le récit principal auquel ils sont étroitement liés par l'intermédiaire de Saccard. [...]
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