A proximité du dénouement, dans cet Acte V, arrive le passage le plus marquant de la pièce : le monologue de Figaro dans lequel ce valet intelligent, brillant (double de Beaumarchais) qui se croit manipulé par les femmes et victime de tout un environnement social se livre d'une part à un retour sur sa vie qui est un vrai autoportrait critique (Première Partie) et d'autre part à une dénonciation virulente de la Société (...)
[...] dont la pièce Le mariage de Figaro fut justement interdite six années jusqu'en et une représentation triomphale!) La dénonciation de l'inégalité : Elle se développe à travers le Comte, vraie cible de Figaro qui symbolise la victoire de la naissance sur le mérite. _ La critique est énoncée directement : Vous vous êtes donné la peine de naitre ( ) rien de plus Le tandis que amène par opposition le cumul des mérites de Figaro qui eux n'ont pas été reconnus. [...]
[...] Introduction : Beaumarchais partage avec Marivaux la réputation de grand auteur de comédies sociales du théâtre du XVIII siècle. Contemporain des philosophes des Lumières puis de la Révolution, il en épouse les principes et les vigueurs critiques (liberté d'opinion et de penser, dénonciation des injustices et des hypocrisies sociales etc.) Avec Le mariage de Figaro, Beaumarchais a écrit en 1778 sa pièce la plus célèbre qui poursuit les mésaventures de son personnage de Figaro, valet plein d'esprit et d'insolence déjà présent dans Le barbier de Séville. [...]
[...] La capacité à réfléchir sur lui-même dévoile au spectateur un homme doué d'introspection, en proie à une crise intérieure, tourmenté par le doute comme le prouvent les nombreuses marques de sa nervosité, de son instabilité, de son trouble : Cf Points de suspension ; phrases non verbales (rythme rapide de la succession des idées) ; répétitions ; interrogatives ; didascalies qui témoignent physiquement de son agitation se lève s'assied ; des exclamatives. TRANSITION : Cependant, c'est aussi un valet de caractère qui n'accepte pas sa situation passivement : son esprit est aussi en rébellion ; ce qui amène au monologue toute sa dimension satirique. [...]
[...] Sur le plan affectif, Figaro voit son mariage compromis, souligne par un rythme ternaire et l'exclamative ô femme! son incompréhension mais aussi sa sensation d'être trompé (Cf la question rhétorique autour de instinct de la femme, l'emploi du verbe tromper Les données psychologiques sur Figaro : Humour et Capacité à réfléchir sur lui-même. L'humour est la principale marque de Figaro car il se protège et parvient ainsi à ne pas céder totalement à la dépression. Il échappe aussi au pathétique et au ridicule. [...]
[...] Conclusion : A juste titre, un grand moment de cette pièce par sa faculté à traiter à la fois de l'épaisseur psychologique du personnage principal (Figaro n'est plus seulement un esprit malin qui amuse) et de questions profondes relatives aux préoccupations du moment : une société injuste bien trop attachée aux privilèges de la naissance et qui tente de se défendre par les armes de la censure pour empêcher des esprits critiques trop vigoureux. Un personnage digne des philosophes des Lumières : Figaro, valet atypique est en rupture avec le valet de la comédie classique en incarnant une intelligence du peuple méritante qui n'accepte plus les inégalités et se montre apte à se rebeller. Naturellement, ce monologue préfigure le triomphe de la Révolution française qui cherchera à abattre les privilèges de la noblesse. [...]
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