La réplique initiale de Bartholo est blessante et accusatrice, sous la forme de deux phrases nominales et exclamatives. Elle traduit ici l'opinion commune des hommes, et provoque une vive réaction de Marceline. En effet Bartholo n'ose plus intervenir ensuite. Les didascalies traduisent ses sentiments et l'intensité du ton avec un effet crescendo : "s'échauffant par degrés", "vivement", "exaltée" (...)
[...] Celle de Figaro est ferme, le Comte n'acquiesce qu'en aparté, tandis que le ridicule du juge est renforcé par son bégaiement. Sa seconde réplique prouve à la fois son incompétence et son jugement archaïque. Marceline et Figaro dominent toujours le dialogue, mais c'est l'attendrissement et la joie de se retrouver que traduisent leurs propos. Un important champ lexical semble reconstituer la famille, avec fils fiancée épouse mère père allié à celui de la tendresse, tendres chériront maman embrassez- moi maternellement La mère et le fils se tutoient, et les possessifs sont nombreux, exprimant une réelle proximité : mon fils ma mère Marceline redevient mère par les conseils qu'elle donne, avec l'emploi des impératifs, regarde vois vis sois et Figaro les faits siens, à l'aide d'une métaphore : Tu parles d'or, maman . [...]
[...] - Hommes plus qu'ingrats, qui flétrissez par le mépris les jouets de vos passions, vos victimes! C'est vous qu'il faut punir des erreurs de votre jeunesse; vous et vos magistrats, si vains du droit de nous juger, et qui nous laissent enlever, par leur coupable négligence, tout honnête moyen de subsister. Est-il un seul état pour les malheureuses filles? Elles avaient un droit naturel à toute la parure des femmes : on y laisse former mille ouvriers de l'autre sexe(1). Figaro, en colère. - Il font broder jusqu'aux soldats! [...]
[...] Pierre-Augustin Caron de Beaumarchais (1732-1799), Le Mariage de Figaro (Acte III, scène 16, extrait.) Cette scène est une scène de reconnaissance dans laquelle Figaro, qui était jugé pour une dette qu'il ne pouvait rembourser et qui devait l'amener à épouser Marceline, découvre que cette dernière est sa mère et que son père est Bartholo. Bartholo. - Des fautes si connues! Une jeunesse déplorable! Marceline, s'échauffant par degrés. - Oui, déplorable, et plus qu'on ne croit! Je n'entends pas nier mes fautes, ce jour les a trop bien prouvées! [...]
[...] Le premier indique que les hommes profitent de leur jeunesse et de leur naïveté, pour leur plaisir et pour les ignorer ensuite, attitude qui a été celle de Bartholo vis à vis de Marceline, le second indique qu'on les prive de tout moyen de subsister et d'être autonome, le dernier affirme que cet état est général, même dans les rangs les plus élevés Mais le ton change dans la seconde partie de la scène. II Un retournement de situation qui provoque des réactions contrastées : Même si la dénonciation est toujours présente dans la seconde partie de la scène, dans la question rhétorique méprisante vis à vis de Bartholo, Mais que nous font, mon fils, les refus d'un homme injuste? car Bartholo avait promis de l'épouser, ou dans la dernière réplique de Figaro, une belle sottise, la justice! [...]
[...] Sois indulgent pour elles, heureux pour toi, mon fils ; gai, libre et bon pour tout le monde : il ne manquera rien à ta mère. Figaro. - Tu parles d'or, maman, et je me tiens à ton avis. Qu'on est sot, en effet! Il y a des mille et des mille ans que le monde roule et, dans cet océan de durée où j'ai par hasard attrapé quelques chétifs trente ans qui ne reviendront plus, j'irais me tourmenter pour savoir à qui je les dois! [...]
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