La forme choisie par Baudelaire s'appuie sur le sonnet traditionnel. La première strophe comprend quatorze vers, la seconde huit et pourrait réunir deux quatrains. Les rimes sont plates tout au long du texte et l'on voit que Baudelaire met en oeuvre des formes connues. (...)
[...] De plus, les seules évocations présentes servent un portrait négatif, marqué par la jalousie (vers et l'ingratitude (suggérée par l'adverbe pourtant du vers 3). La servante Le poème évoque la double place de la servante : autrefois (seconde strophe) et aujourd'hui (première strophe). Cela lui donne une dimension autobiographique, puisqu'il fait référence à Mariette, servante de Charles Baudelaire, quand celui-ci était enfant. Elle a réellement existé et a suppléé à l'absence de sa mère. C'est ici la servante qui est maternelle (vers 20) et Baudelaire ne cesse de l'évoquer par des termes mélioratifs : au grand cœur (vers couver (vers cette âme pieuse (vers 21). [...]
[...] À la chaleur des draps des vivants, s'oppose la froideur de la nuit de l'enfant. Ces images étant par ailleurs mêlées à la solitude - dans la seconde strophe, c'est le retour inquiétant de la servante tapie (vers presque menaçante quoique maternelle. Une méditation sur la vie Elle est incitée par la généralisation du vers 7 : Certes, ils doivent trouver les vivants bien ingrats. On perçoit la souffrance du poète, qui se traduit par : -des sentiments négatifs (ingratitude et jalousie) -la défense des humbles. [...]
[...] L'humilité de ce portrait sert cet éloge de la servante, qui apparaît comme un personnage pétri d'humanité et de bons sentiments. Cependant, on retrouve dans ce portrait les marques de l'éloge funèbre : - la place de la mort. Elle est omniprésente dans ce poème, n'étant pas évoquée crûment, mais à travers un jeu d'images qui la poétisent : .la tombe est évoquée au début du poème, par l'euphémisme de la pelouse et des fleurs (vers 2 et .la grille du vers 14 peut également être une image du tombeau, tout comme du lit de l'enfant. [...]
[...] Pour apaiser ce remords, pour se souvenir (et même dans la détestation et l'orgueil qui font son enfer) de ce visage à la bonté bafouée, Baudelaire va trouver les mots d'une authentique prière en poème. La servante au grand cœur nous permet ainsi d'entrevoir, dans l'obscurité d'une chambre le drame de l'impossible intimité du poète avec Paris. Harcelé par la culpabilité, Baudelaire sut donner la parole à ces inconnues de l'âme qui, dans une brutale dépossession, rendent chacun à soi-même. [...]
[...] La composition du poème se prête particulièrement à cette méditation : -une construction cyclique (la servante au début et à la fin) -un jeu de contrastes (vie / mort, passé / présent). IV- Une méditation sur la vie et sur la mort Une image angoissée de la mort Plusieurs procédés rendent compte de cette angoisse : - la généralisation de la mort, évoquée par les pluriels du vers 4 (Les morts, les pauvres morts, ont de grandes douleurs) - dans la première strophe, on note de nombreuses images macabres, avec notamment la mort de la nature. [...]
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