A l'origine terme de langue anglaise, Baudelaire se l'approprie tout entier pour désigner un mal moral, un état d'âme profondément mélancolique, une pesanteur qui enfante angoisses et tourments intérieurs.
Ce « spleen » est d'abord une affaire intime, l'empreinte lyrique qui renvoie à la personnalité du poète et traduit émotionnellement la vie de Baudelaire (...)
[...] de la volonté, de l'esprit, de l'inspiration poétique : c'est ce qui ressort de Spleen et de La cloche fêlée. Dans ce dernier, le poète est impuissant, incapable de peupler l'air froid des nuits grâce à ses chants. _ Le cauchemar qui règne dans la strophe 5 de Spleen ou la strophe 4 de La cloche fêlée constitue une sorte de variante de la mort spirituel : l'esprit est entrain de lâcher prise définitivement. Conclusion : Etouffement, impuissances, crises menant au bord de la folie, ennuis et lassitudes . [...]
[...] Nul doute que Baudelaire recycle à sa façon très personnelle le mal romantique des Chateaubriand, Musset, Lamartine . Et qu'il pense à certains vers d'Hugo comme ceux de Pente de la rêverie : La nuit avec la foule en ce rêve hideux / Venait, s'épaississant ensemble toutes deux, / Et, dans ces régions que nul regard ne sonde, / Plus l'homme était nombreux, plus l'ombre était profonde.» Enfin, le spleen est une notion qui ne peut-être séparée de son pôle opposé : Idéal Spleen et Idéal sont les deux postulations simultanées ; les tendances antagonistes qui s'affrontent au coeur de l'humain en général et de Baudelaire en particulier. [...]
[...] Avec Baudelaire, la maladie qu'il y a à vivre atteint les sommets de l'épopée métaphysique. C'est une Odyssée de l'Esprit se débattant contre d'infinis dangers et risquant sans cesse le naufrage. [...]
[...] _ Elles sont décrites par le lexique de la corruption, de l'impureté : les miasmes morbides dans Élévation ; les plafonds pourris dans Spleen ; les parfums corrompus dans Correspondances ; le lac de sang dans La cloche fêlée ; la fête servile dans Recueillement qui indique une souillure morale . _ Leurs oppressions sont renforcées : par les indications de nombre : un tas de morts (La cloche fêlée) ; un peuple muet d'araignées (Spleen) ; la multitude vile (Recueillement) . par des allégories qui évoquent directement la destruction comme dans Spleen et dans Recueillement. [...]
[...] _ Des lieux littéralement écrasés : première strophe de Spleen ; quatrième strophe de La cloche fêlée. _ Des lieux marqués par le repli, le resserrement, le rétrécissement : la terre est réduite à un cachot dans Spleen ; le coeur est affligé dans Harmonie du Soir ; la ville dans Recueillement est enveloppée par l'atmosphère obscure ; le poète se replie sur ses souvenirs (La cloche fêlée) ou sur son douloureux secret (La vie antérieure) ou sur sa douleur (Recueillement) Un matériau qui complète une atmosphère moralement asphyxiante : _ Les araignées, symbolique des faiseuses de toiles dans lesquelles viennent s'empêtrer sans espoir d'en sortir les sensations, sentiments, idées . [...]
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